MISTER BABADOOK
Réchauffé et sans efficacité
Quelle déception à la projection du film qui a tout raflé au dernier festival de Gérardmer. "Mister Babadook" est une énième histoire de possession démoniaque tout ce qu'il y a de plus classique. Une mère et son fils habitent seuls dans une grande maison qui grince. Un bouquin maléfique fait son apparition sous des airs de livre pour enfants et sa lecture libère un boogeyman qui ne va plus lâcher les protagonistes.
Jennifer Kent débute son premier film avec un classicisme sans surprise dans ce genre de production, mais, il faut le reconnaitre, la présentation des personnages et de la situation est soignée et parfaitement menée. C'est d'ailleurs la meilleure partie du film. La réalisatrice nous invite dans le quotidien d'une veuve élevant seule un garçon pour le moins turbulent, qui est facilement effrayé par les histoires qu'il écoute le soir avant de se coucher. Essie Davis, qui interprète Amélia, est habitée par ce rôle de femme, brisée depuis la mort de son mari et désespérément seule face à l'asociabilité et aux terreurs de son fils. À la lecture du mystérieux livre Mister Babadook à la tonalité malsaine et bien inquiétante pour un conte pour enfant, elle ne se méfie guère.
Comme dans tous films de possessions, ce sont d'abord les enfants les premiers à se rendre compte de l'étrange. Démarre alors le déjà-vu, entre le livre maléfique qui revient à la porte d'entrée jusqu'aux apparitions démoniaques et prises de possessions de corps qui ne s'extirpent qu'en vomissant du pétrole. De "L'Exorciste" à "Insidious", Kent montre qu'elle connait ses classiques, mais leur efficacité lui échappe visiblement puisqu'elle ne parvient jamais (ni sous les draps, ni dans la cave) à faire frissonner le spectateur aguerri. Et ce ne sont certainement pas les apparitions grotesques du « Babadook », sorte d'épouvantail en haut-forme, qui vont réussir à l'effrayer.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur