LE MISSIONNAIRE
Une mission à moitié remplie
C’est la mode en ce moment, les humoristes envahissent le grand écran. Et souvent, difficile pour eux de faire oublier leur occupation première. Bigard n’échappera pas à la règle et parviendra difficilement à rendre crédible son personnage. Certes, ce ne sont pas les bonnes intentions qui manquent, autant dans l’interprétation que dans le « message » du film (Bigard en est aussi le co-scénariste). Mais c’est justement ce qui rend le film bancal.
Bigard enfilant la robe d’un prêtre pouvait être alléchant, et, passé quelques bons gags attendus, l’humoriste se fait le porte-parole de toutes les religions, d’un message universel auquel personne ne semblait avoir pensé à part lui : ça fait deux mille ans qu’on se fout sur la gueule, il serait temps d’accepter nos différences et de faire un peu la paix. Evidemment, tous les habitants de ce village sont comblés et trouvent en Bigard le messie qu’ils n’attendaient plus, qui leur révèle leur vraie nature, qui règle les conflits et qui délivre un message « dont la forme laisse à désirer, mais dont le fond est profondément touchant », pour citer un représentant des plus hautes sphères du monde clérical, témoin de ce prophète vivant…
On peut donc être agacé et se sentir un peu pris pour un con par tant de naïveté et de bons sentiments, ou simplement trouver dommage que la solution de la facilité ait été adopté, une solution mielleuse et cliché à souhait. Mais attendons-nous plus que ça chez une production Besson ? Peut-être que le propos n’est finalement pas là, le seul but semblant être le divertissement. On oubliera vite les mimiques de bouledogue constipé de Bigard pour apprécier la performance de Doudi Strajmayster, "Samantha" sans la perruque, plutôt réjouissant, même s’il en fait des caisses. Si l’objectif du film est principalement de divertir, alors « le missionnaire » n’aura rempli sa mission qu’à moitié.
Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur