MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS
Une magie et un mystère bien présents mais un curieux manque de rythme
Jacob, jeune Américain vivant en Floride, manutentionnaire dans un magasin, est appelé par son père pour aller s’occuper de son grand père, supposé sénile. Mais le temps qu’il arrive, il découvre la porte arrière fracturée et le vieil homme à l’agonie dans la forêt voisine, les yeux arrachés. Avant de mourir, celui-ci lui dit que toutes les histoires qu’il lui a racontées sont vraies, et qu’il faut qu’il se rende sur une île du Pays de Galles pour retrouver Miss Peregrine…
Il y a dans "Miss Peregrine et les enfants particuliers" tous les ingrédients pour intriguer enfants, adolescents et adultes. Pour son premier film (enfin) en dehors des Studios Disney, Tim Burton s'est donc attaqué à l'adaptation complexe du roman de Ransom Riggs paru en 2011. Il s'agit d'une histoire fantastique, mêlant l'ombre des bombardements en Grande-Bretagne durant la guerre, avec des histoires d'orphelins différents et persécutés, de boucle temporelle protectrice et de quête de l'éternité ayant un prix élevé en vies.
On suit donc deux heures durant, les pérégrinations d'Asa Butterfield (découvert dans ""Hugo Cabret"" de Martin Scorsese), tentant d'abord de convaincre ses parents de faire ce voyage de deuil sur l'île, découvrant la maison pour enfants particuliers, puis tentant de les protéger à travers le temps. L'imagination et la magie sont donc bel et bien est au rendez-vous, au travers d'un scénario aux multiples rebondissements, mais aussi d’une mise en scène qui joue l'oscillation entre exploitation du mystère et moments de folie qui arrivent un peu sur le tard. D'où une étrange sensation de manque de rythme qui pose un temps le film dans une étrange retenue.
Heureusement, l'auteur d' "Edward aux mains d'argent" ou ""Big Fish"" réussit à aller bien au-delà du bestiaire proposé ici (une petite fille à la mâchoire au niveau de la nuque, une fille légère qui flotterait si elle ne portait pas des semelles de plomb, une autre capable de produire chaleur ou feu, un garçon invisible et souvent nu, un autre habité par des abeilles, une gamine à la force stupéfiante...). Burton ménage la surprise de certains pouvoirs, et finit par livrer quelques scènes d'anthologie sur la fin, avec force transformations et monstres aux dents pointues, utilisant les aspects les plus inattendus d'une fête foraine comme décors.
L'humour est loin d'être absent, passant d'abord par la caractérisation même de personnages étranges ou décalés, d'une Miss Peregrine fumant une énorme pipe, au père dépassé par les événements, puis par les répliques très modernes et critiques du personnage de Samuel L. Jackson (la Floride en prend pour son grade, comme l'haleine d'une des enfants...). Au final "Miss Peregrine et les enfants particuliers" ne cesse de surprendre et de gagner en rythme, délaissant la tension de départ liée à la découverte d'un univers, pour mieux flirter avec un délire toujours maîtrisé et des plus réjouissants.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur