MISS BALA
De miss à complice
Il faut de méfier des rêves de couronnes. Cette histoire de miss beauté se voyant forcée à travailler pour un caïd de la drogue livrant une guerre féroce avec les rares autorités qui ne sont pas encore corrompues, bénéficiait déjà d’un petit buzz grâce aux noms de des producteurs, Diego Luna et Gael Garcia Bernal, qui avaient déjà investi dans l’excellent « Abel » présenté à Cannes en 2010.
Gerardo Naranjo signe ici un thriller soigné, composé de plans séquences calmes et très esthétiques, contribuant à installer une ambiance oppressante dont la tension jaillit gracieusement lors des fusillades et des impressionnantes séquences en voitures. Il est clair que du point de vue de la forme, « Miss Bala » regorge de petits trésors de mise en scène. La photographie soignée n’a d’égale que la plastique de l’actrice principale.
La sublime Stephanie Sigman reste toujours juste, malgré le manque de crédibilité de son personnage. Car c’est bien sur le scénario et sur le travail des personnages que « Miss Bala » dévoile son talon d’Achille. Le personnage de Laura, semble écrit à la va vite, et n’est pas crédible une seule seconde face au narco trafiquant, dont on peine à comprendre les motivations à garder la jeune fille en vie. En effet, les agissements des deux personnages principaux vont parfois à l’inverse de leur logique et le film se termine d’une manière bien inexplicable, laissant place une légère déception.
D’ailleurs, à force de rester collé à son personnage principal, Naranjo finit par passer quelque peu à côté de ce qu’il dénonce : le trafic de stupéfiants et la corruption policière, devenus les fléaux du Mexique. Si bien que ce n’est seulement qu'à la fin du film, lorsque le panneau de statistiques de l’état actuel de la situation du pays fait son apparition, que l’on se rappelle qu’il s’agit d’un film sur les effets dévastateurs des cartels de la drogue. C’est bien dommage, car si son écriture avait été aussi soignée que sa mise en scène, « Miss Bala » aurait pu faire office de petite référence dans son genre…
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur