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MINI ET LES VOLEURS DE MIEL

Imparfait mais plaisant dans l’ensemble

Mini est un jeune scarabée qui fait partie d’une petite troupe de cirque ambulant. Après avoir accidentellement provoqué la chute de la funambule, il s’enfuit dans la forêt. Honteux et désespéré, il se laisse manipuler par un gang d’insectes emmenés par Bouseman, qui se sert de sa naïveté pour l’impliquer dans une tentative de vol de miel dans la ruche voisine.

Les Films du Préau continuent leurs efforts de promotion de l’animation qui sort des sentiers battus – oui, il n’y a pas que les grosses productions américaines ! Ici, "Mini et les Voleurs de miel" est un long métrage d’animation danois qui fait suite au film "Les Deux moustiques" (2009), des mêmes réalisateurs, en se focalisant sur un personnage secondaire du premier. Rassurons d’abord les spectateurs : nul besoin d’avoir vu le film précédent pour comprendre celui-ci. Ces deux films développent un univers créé dans un livre pour enfants par Flemming Quist Møller, le coréalisateur, depuis déjà un demi-siècle et auquel les Danois, contrairement à nous, sont habitués.

Cette ancienneté explique peut-être l’esthétique d’apparence vieillotte et l’impression d’amateurisme technique. On pourrait penser aussi à un faible budget mais la société Dansk Tegnefilm a produit d’autres films à la qualité esthétique très différente, dont "L’Enfant qui voulait être un ours" (2002), du même Jannik Hastrup, au dessin poétique et épuré. Ici, le mélange de techniques d’animation (décors 2D créés numériquement et éléments mobiles utilisant la technique du découpage) peut être visuellement déstabilisante voire décevante : le décor peut paraître flou, la perspective parfois étrange, et les éléments corporels des personnages ne sont pas toujours bien assemblés.

L’adulte tatillon pourra aussi trouver à redire sur le scénario, qui laisse place à quelques facilités et incohérences (par exemple, pourquoi la funambule, qui est un moustique, ne s’envole-t-elle pas lorsqu’elle tombe du fil ?) mais l’histoire reste globalement plaisante. Le début donne pourtant de faux espoirs sur la thématique principale, car on s’attend à ce que le film critique les stéréotypes sur les gens du voyage (voleurs, dépravés…), un peu à la manière de ce qu’avait fait Hergé dans "Les Bijoux de la Castafiore". En fait, cet aspect est surtout abordé au début puis le film développe, avec pertinence, toute une série de thèmes, notamment les questions de manipulation, d’honnêteté, d’amitié, de générosité et d’abus de pouvoir.

Au final, petits et grands y trouvent leur compte. Accessible dès 3 ans (malgré des passages difficiles à comprendre pour les plus jeunes), le film touche et amuse les enfants avec efficacité. Les chansons ajoutent un côté festif très agréable et pas envahissant. Les adultes goûteront aux quelques dialogues qui ont été écrits spécialement pour eux (dont une excellente séquence satirique sur la justice arbitraire) et à la chanson de Bouseman, qui a quelque chose de Tom Waits.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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