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MILLEFEUILLE

Un film de Nouri Bouzid

Tableau intimiste d'une Tunisie en pleine révolte

Zaïneb et Aïcha sont deux jeunes Tunisiennes qui refusent de se soumettre aux traditions, combattant les carcans religieux pour affirmer leurs revendications féminines. Dans un pays en pleine révolution, elles incarnent le vent de mutinerie qui souffle contre les règles ancestrales d’une société jugée désormais archaïque. Mais cette insubordination n’est pas sans leur causer de nombreux problèmes…

C’est tout naturellement que le réalisateur Nouri Bouzid s’est tourné vers la révolution tunisienne, d’autant plus lorsqu’on connait ses engagements politiques et son militantisme. Toutefois, le cinéaste a refusé la grande fresque politique pour se concentrer sur le portrait intimiste de jeunes femmes indociles, qui refusent de se soumettre à ces règles qu’elles estiment archaïques. Malgré les oppositions familiales qu’elles doivent affronter, rien ne les empêchera de faire retentir leur voix féministe et de revendiquer leurs droits et libertés civiques.

Refusant toute forme de manichéisme, "Millefeuille" dessine une esquisse nuancée d’une Tunisie en pleine révolution, multipliant les contrastes pour éviter de tomber dans un quelconque schéma archétypal. Saisissant les contradictions des discours, et se gardant de marginaliser bêtement certaines prises de positions, c’est habilement que le cinéaste installe son message de tolérance et de laïcisation. Si certaines scènes prennent un ton un brin trop didactique, les revendications militantes du métrage n’en sont pas, pour autant, atténuées. Bénéficiant d’une vivacité rafraîchissante, le film profite également du talent et de l’énergie des jeunes comédiennes, celles-ci nous offrant des prestations solides, en écartant notamment tous les écueils stéréotypés qui menaçaient.

Plaçant toujours la caméra au plus près des personnages, dans des espaces souvent réduits, Nouri Bouzid resitue le conflit à hauteur d’hommes, évitant les considérations trop générales pour renforcer sa trame narrative. Navigant entre des séquences sérieuses et d’autres à la tonalité beaucoup plus légères, le film regorge de petites surprises et trouvailles. Néanmoins, malgré les qualités de cette œuvre engagée, certaines maladresses et redondances effacent légèrement notre plaisir. Quelques lourdeurs empêchent ainsi notre pleine satisfaction, mais le beau message universel de partage et de tolérance finit par emporter notre enthousiasme.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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