MIDNIGHT SILENCE
Pour titiller vos nerfs
Un tueur en série s’attaque à des femmes, les kidnappant dans sa camionnette, avant de les poignarder, puis de se faire valoir auprès de la police, en indiquant avoir trouvé le corps ou avoir été témoin d’une agression. Un soir, il passe à l’action dans un quartier de Séoul en cours de restructuration, croisant la route d’une jeune femme revenant d’une blind-date, dont le frère s’inquiète aussitôt de l’absence de nouvelles. Mais une autre jeune femme, Kyung-mi, sourde et muette, croise aussi leur route alors qu’elle rejoint sa mère, dérangeant ainsi le plan d’un tueur qui semble apprécier les enjeux complexes…
Sortie directe en VOD, Blu-Ray et DVD le 11 mai 2022
Ce qui nous emballe rapidement dans l’intrigue de "Midnight Silence", thriller coréen plutôt efficace, en fait aussi la limite. Le sadisme du tueur, qui prend son pied à traquer sa ou ses proies, n’a d’égal que son désir de se faire passer pour un autre, narguant les policiers ou recevant ironiquement des lauriers, tel un bon citoyen rendant service aux proches des victimes ou aux autorités. Cela crée bien évidemment quelques situations pas toujours très crédibles, mais a tout de même le don de créer un profond agacement chez le spectateur face à la manière dont le sort ou ses subterfuges permettent à chaque fois au personnage de s’en sortir. Disposant ainsi au fil du récit de nombreux rebondissements, le suspense est donc permanent, du moment qu’on accepte les quelques incohérences de ce petit jeu du chat et des souris.
Après une scène d’introduction permettant de poser le modus operandi du tueur, nous voici donc plongés dans un décors de ville fantôme, dans un quartier en restructuration où presque plus personne ne réside, réduisant ainsi le nombre de témoins potentiels et diminuant les possibilités de refuge (principalement des lieux où l’on peut appuyer sur un bouton pour donner l’alerte et communiquer avec la police par caméras interposées). La bonne idée de départ a donc été de faire des deux principales héroïnes, Kyung-mi et sa mère, des sourdes muettes, les scénaristes pouvant ainsi jouer à la fois sur leur propre décalage de compréhension de certaines situations, sur leurs difficultés à se faire comprendre dans le feu de l’action, comme sur l’extraction ponctuelle de l’environnement sonore lorsqu’on adopte leur point de vue (les scènes avec les détecteurs de bruit, dans la voiture ou dans la maison, sont de vrais moments de tension, surprenants).
La mise en scène joue d’ailleurs également sur ces pauses sonores, utilisant notamment dans l’une des scènes de poursuite, une musique hachée (tel un poignard qui file...), qui laisse ainsi percevoir seulement ponctuellement les bruits liés à l’action, ou au contraire le silence d’un bref répit. L’une des scènes de poursuite à pieds, sur la fin, est d’ailleurs maîtrisée comme rarement. Filmant les dérapages au niveau des pieds, faisant surgir un véhicule au moment le plus inattendu, elle aboutit dans une rue piétonne du quartier moderne (cela dit très animée selon qu’il est supposé être largement plus de 3h du matin…), pour se terminer à nouveau de manière étonnante. Si l’on peut d’ailleurs voir ici une sorte de légère parabole politique ou une critique sociale, on retournera bien vite dans l’action, emmenée par le délicieusement irritant sadisme de Wi Ha-Joon (l’un des héros de la série "Squid Game"), faisant face à l’instinct de survie de Jin Ki-Joo, dont le handicap n’entame nullement la détermination.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur