MI GRAN NOCHE
Déjanté à souhait
Sortie directement en VOD le 03 octobre 2016 sur Netflix
Toujours inédit en France, le dernier film de l'Espagnol Álex de la Iglesia prouve que le réalisateur de "Balada Triste", "Le jour de la bête" ou encore "Mes chers voisins", est toujours capable d'osciller entre comédie déjantée et film de genre joyeusement sanguinolent ou incorrect. Avec "Mi Gran Noche", il continue d'insuffler fantaisie et mélange de violence et d'humour débridés, s'attaquant au passage au sensationnalisme télévisuel, aux egos démesurés des présentateurs et vedettes, comme au désir futile de célébrité comme de réussite.
La mise en scène se focalise en alternance sur une table de figurants à laquelle figure un remplaçant au physique moins flatteur que les autres (Pepón Nieto, qui fait fonctionner l'empathie à merveille), sur des coulisses où se jouent de complexes relations entre régie, producteur, présentateurs rivaux, stars et techniciens, et sur la scène, occasion de numéros musicaux servant de respirations ou de morceaux de bravoure entre répliques cinglantes et numéros d'acteurs désopilants. Ainsi le rythme ne faiblit jamais, faisant se succéder, au delà de la perturbation qu'apporte l'intrusion d'un spectateur bien décidé à trucider la vedette principale (Alfonso, interprété par Raphael, dont l'une des chansons donne son titre au film), de nombreuses scènes vouées à devenir cultes.
Mais le gros atout de cette comédie, qui assume le kitsch autant que sa part de verbe vulgaire, est l'impressionnante troupe d'interprètes qui semblent fortement s'amuser à jouer les barjots et autres hystériques. On retrouve bien sûr avec plaisir deux stars incontournables du cinéma espagnol, Carmen Machi en odieuse responsable de régie, et Santiago Segura en producteur soucieux d'étouffer tout scandale. Mais le film est en plus l'occasion de découvrir le mythique chanteur Raphael en star machiavélique et calculatrice, ainsi que la jeune star Mario Casas ("3 mètres au dessus du ciel", "Les Sorcières de Zugarramurdi") qui s'amuse à jouer les beaux gosses imbéciles et body-buildés, et dont les tics prétentieux tout comme le numéro chanté achèvent ici de casser l'image lisse de rebelle ou de gendre parfait. Jouissif.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur