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MI BESTIA

Un film de Camila Beltran

Une métamorphose qui ne prend pas

Alors qu’une éclipse de lune s’apprête à toucher Bogota, les habitants redoutent l’arrivée du diable. La jeune Mila se demande, elle, si son corps ne serait pas impacté par cette terrible prophétie…

Le surnaturel pour traiter de l’évolution des corps est un schéma récurrent du cinéma de genre, à l’image du récent "Tiger Stripes", présenté l’année dernière à la Semaine de la critique. L’édition 2024 du Festival de Cannes propose une nouvelle variation de cette thématique, à travers le mystérieux "Mi Bestia", sélectionné à l’ACID. Au milieu des années 90, à Bogota, une éclipse de lune se prépare. Là où d’habitude les habitants sont excités par un tel évènement, prêts à revêtir leurs plus belles lunettes pour l’observer, la croyance populaire évoque plutôt un drame à venir. Car durant cette nuit où le ciel s’illuminera d’un rouge vif, le diable pourrait bien descendre lui-même sur Terre. Forcément, cela donne tout de suite moins envie de se lancer dans des festivités.

Mila, elle, du haut de ses 13 ans ne devrait pas se soucier de ce folklore local. Mais quelque chose en elle lui fait dire que son corps est en train de connaître des chamboulements dont elle questionne le lien avec cette prophétie. Malheureusement, le film ne sera jamais à la hauteur des promesses initiées par son ambiance. Très lourd dans son procédé narratif (juxtaposition de la lune rouge et des premières règles d’une adolescente), ce premier long métrage de Camila Beltran surexploite tous ses artifices, au point d’en annihiler complètement les effets anxiogènes. Il ne suffit pas de filmer des marécages pour capturer une atmosphère mystique, une coupure de courant ne peut pas être la seule technique usitée pour faire grimper l’effroi.

Pourtant, ce thriller colombien avait une matière à explorer, en se concentrant sur les conséquences de cette anatomie enfantine devenant adulte. Le regard de ce beau-père qui semble bien trop insistant pour être protecteur, la crainte de la voir marcher désormais seule dans la rue, la peur de la voir traîner avec des garçons dont les intentions ne pourraient ne plus être les mêmes. Ce sont ces menaces ordinaires qui terrifient le plus, par le fait même qu’elles ne devraient pas exister. Effleurant ainsi cette chronique de l’horreur du quotidien, "Mi Bestia" souffre de sa mise en scène brouillonne, se perdant dans sa propre fable, hésitant entre les pistes au point d’en laisser tomber en cours de route (cette idée par exemple d’un monde en permanence trouble et brouillé autour de la protagoniste). Une œuvre qui finit par rater aussi bien sa métaphore que la métamorphose de l’héroïne…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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