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MÈRE ET FILLE

Un film de Jure Pavlović

Une troublante plongée dans l’intimité d’une famille

Jasna vit en Allemagne, où elle a eu deux enfants, Anna et Anton, avec son mari Hannes. Elle revient en Croatie rendre visite à sa mère Anka, atteinte d’une maladie incurable. Malgré la présence ponctuelle d’autres proches, les relations entre mère et fille ne sont pas des plus aisées, Anka soupçonnant Jasna, qu’elle n’a pas vu depuis longtemps, de mijoter quelque chose…

Mère et fille film movie

"Mère et Fille" offre un percutante immersion dans l'intimité et les non-dits d'une relation mère fille complexe, chargée de rancœur et de souvenirs, que chacune interprète à sa manière. La mise en scène de Jure Pavlović suit judicieusement l'évolution de son personnage, craintif au début, puis prenant de l'assurance face à une mère acariâtre, jusqu'à retrouver, en de rares moments, quelques bribes de complicité. Il nous positionne d'emblée aux côté de cette fille qui revient au pays, dans des lieux et une maison qu'elle n'a pas fréquentés depuis longtemps. Collant à l'épaule du personnage, dans plusieurs plans-séquences consécutifs, à la manière de László Nemes pour "Le Fils de Saul", l'auteur capte ses hésitations et sa gêne, avant de révéler, d'abord au travers d'un reflet dans une vitre, le visage de son héroïne alors qu'elle pénètre dans la pièce où se trouve sa mère. Puis, un temps, tant que la gêne est trop forte, il cantonne la mère en frange du cadre, la plupart du temps dans le flou, signifiant ainsi la distance entre les deux femmes.

Vient ensuite l'alternance entre moments de tension, conflit plus ouvert (finement dialogué) et premières lueurs d'un rapprochement. Toujours proche du visage de son héroïne, il met en valeur le travail d’orfèvre de l’actrice Daria Lorenci, pas vraiment connue en France, qui compose ici un personnage patient, persévérant et en apparence distant. A la manière d'un kaléidoscope de moments intimistes, "Mère et Fille" donne à voir les regrets, la persistance du lien comme de l'envie de vivre, faisant contraster fort pertinemment les conversations entre dames âgées et moments de respiration extérieurs à la maison familiale. Un long métrage qui demande un temps d'imprégnation pour mieux en apprécier les fins détails.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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