MENSCH
Devenir un homme
Sam a 35 ans et s’avère être un brillant perceur de coffres. Sa petite amie ignore son métier. Avec son complice habituel, il accepte un peu malgré lui un casse important, proposé par l’un des parrains du milieu…
Il se dégage du nouveau film de Steve Suissa (« Le grand rôle », « Cavalcade ») un charme de l'ordre de l'intime. Sous un vernis de polar classique et peu original, avec un casse qui tourne mal, « Mensch » se révèle un film de clan plutôt touchant, grâce à une galerie de personnages aux liens aussi invisibles qu'indéfectibles, et plus complexes qu'il n'y paraît. De la rivalité entre les deux frères, empreinte de conceptions différentes de la vie, aux complicités indéniables entre un enfant particulièrement éveillé et son voleur de père, on souffre avec eux du manque de compréhension réciproque.
Suissa, qui devrait vraiment laisser ses rôles d'acteurs à d'autres, réalise ici un film de facture classique, à la photo léchée, et fait le grand écart entre générations, réussissant à regrouper de formidables interprètes, les jeune et ancienne générations en tête. Côté gamins, Max Baissette De Malglaive étonne par sa maturité et le naturel avec lequel il interroge les adultes, à travers des dialogues qui auraient certainement sonné faux dans la bouche d'un autre. Quant aux deux ancêtres rivaux, Maurice Bénichou et Sami Frey, ils impressionnent encore par leur stature posée.
Enfin, on ne dira jamais assez de bien de Nicolas Cazalé, formidable trentenaire balloté entre bien et mal, entre envie de respectabilité et de rébellion, entre vie casée et fièvre de l'aventure. Chacun se reconnaîtra un peu en lui, à un moment de sa vie tout au moins. Il porte par ses doutes un film globalement équilibré, sans fausses notes, dont les rouages classiques ne surprennent pas, mais finissent néanmoins par émouvoir.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur