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MAY IN THE SUMMER

Un film de Cherien Dabis

Retour aux sources et remises en question

May, écrivaine vivant à New York, revient en Cisjordanie pour célébrer son mariage avec un professeur new-yorkais également originaire de Cisjordanie. Ses deux sœurs, Dalia et Yasmine, sont présentes pour l'accueillir à l'aéroport. Cependant, May n'est pas accompagnée de son fiancé qui est retenu aux États-Unis quelques semaines de plus pour son travail. Arrivée à la maison, la mère de May est là, et lui fait part de ses réticences à l'encontre du mariage. En effet, la famille de May est chrétienne alors que celle de son futur mari est musulmane…

Son premier film "Amerrika" explorait déjà le choc des cultures arabes et occidentales au travers d'une mère cisjordanienne immigrant aux États-Unis. "May in the Summer" s'inscrit également dans cette veine, même si les contradictions et la confrontation des mœurs intervient plus en sous-texte au profit d'une chronique sentimentale plutôt bien menée, même si elle aurait gagné à être resserrée. Cette fois, l'histoire ne se déroule plus outre-Atlantique, mais en Cisjordanie, pays d'origine de la réalisatrice.

Cherien Dabis prête ici main forte à son casting puisqu'elle interprète le rôle principal aux cotés de deux actrices déjà présentes dans son premier film : Hima Abbas et Alia Shawkat. May est une écrivaine venant de sortir un livre sur les proverbes arabes. Résidant à New York, elle revient dans son pays pour y célébrer son mariage avec son compagnon, lui aussi Cisjordanien habitant aux États-Unis. Problème: sa mère ne l'entend pas cette oreille car May est de confession chrétienne et son fiancé, musulman. Les premières minutes laissent donc présager un énième film sur l'intolérance des communautés mais Cherien Dabis s'en détache très vite pour finalement se concentrer sur le fort intérieur de ses personnages féminins, à la manière d'un "Caramel" de Nadine Labaki. Le portrait de groupe des trois sœurs fonctionne très bien, notamment grâce à une l'alchimie entre les trois actrices qui perce l'écran. La réalisatrice en profite bien sûr pour relever les nombreuses contradictions dans les mœurs religieuses, tant musulmanes que chrétiennes, du monde arabe et de rappeler qu'une guerre de religion fait rage non-loin de là, en Palestine.

L'équilibre de cette comédie douce-amère tient en sa faculté à nous emporter dans les doutes et les remises en questions personnelles de ses protagonistes (May et sa mère), mais "May in the Summer" virevolte aussi, notamment dans sa dernière partie révélant une mécanique scénaristique vaudevillesque. Cherien Dabis aurait également gagné à raccourcir certaines séquences pour donner plus de vivacité à l'ensemble. Pour autant, on suit cette comédie dramatique avec un certain plaisir, généré en grande partie par l'énergie déployé par son casting.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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