MASCARADE
Un efficace film d’arnaque
Dans une suite du Negresco, célèbre hôtel de Nice, un couple est installé. Soudain, la femme est abattue. Assis quelque temps plus tard sur le banc des accusés, un homme, plus âgé, agent immobilier. Les témoignages vont être l’occasion de décortiquer un plan machiavélique, fomenté par le couple…
Après le succès de "La Belle époque", Nicolas Bedos nous revient avec un film d'arnaque plutôt bien ficelé, passé lui aussi par le Hors compétition du Festival de Cannes. "Mascarade" est un film aux multiples personnages et rebondissements, que Nicolas Bedos a adapté d'un roman qu'il aura finalement abandonné en cours d'écriture. C'est grâce à un conseil de sa compagne d'alors, Doria Tillier, qu'il se sera emparé de ce matériau pour en faire un scénario complexe, base d'un long métrage intense de près de deux heures et quart. Et c'est donc à partir du procès du personnage interprété par François Cluzet, que l'auteur a choisi de nous conter, en flash-back, cette rocambolesque et dorée histoire.
La galerie de personnages, rapidement introduite, est plutôt croustillante, aimant l'argent ou en souhaitant en profiter : Pierre Niney joue les gigolos, apprenti écrivain, profitant de sa riche maîtresse, Isabelle Adjani, actrice autrefois en vue qui le considère comme un objet (« Je n'ai plus qu'à l'aimer »), et dont le confident et ami, Charles Berling, s'avère cynique à souhait (parlant de Niney : « Il est mieux que celui de l'an derniere...). L'arrivée de Marine Vacth, en voleuse, séduisant rapidement Niney, et le montage de deux arnaques en parallèle, permettront à chacun de jouer une intéressante partition.
Dénonçant au passage l'oisiveté et l'argent qui régit tout, le scénario, carrément malin, où pointe au final une petite touche de féminisme, mais où aucun personnage ne rachète l'autre, n'est pas tendre avec la Cote d'Azur. Désignée en introduction comme « un lieu ensoleillé pour des gens sombres », qui devraient pourtant y être heureux, c'est dans la bouche du personnage de Marine Vacth que la charge devient plus violente, avec des pics du genre « tout est faux dans cette région », ou encore « physiquement cette région est sinistrée ». De superficialité, liée à la beauté et à l'argent, le scénario de Nicolas Bedos s'amuse donc avec une répartie inspirée, tissant une efficace toile dans laquelle les piégés ne seront peut-être pas ceux qu’on croit.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur