MARX PEUT ATTENDRE
Retour sur une tragédie familiale
Plus de 50 ans après le suicide de son frère jumeau Camillo, le réalisateur italien Marco Bellocchio replonge dans l’histoire de sa famille pour tenter d’y trouver des réponses en compagnie de ses frères et sœurs et d’autres intervenants proches…
"Marx peut attendre" est un documentaire qui fait le choix d’un titre aux premiers abords cryptique quand on connaît le sujet de ce film introspectif, soit le suicide en 1968 de Camillo, frère jumeau du réalisateur. Près de cinquante ans plus tard, Marco Bellocchio se repenche sur cette tragédie familiale et tente, sinon d’y rechercher du sens, tout au moins de laisser libre cours à une parole si longtemps tue. En interviewant lui-même le reste de sa fratrie et en filmant des réunions de famille incluant ses petits-enfants, Bellocchio fait avancer l’enquête autour d’une période historique et personnelle. 1968 c’est le moment d’un engagement fort d’une partie de la famille autour du parti communiste, et c’est le moment où le frère en détresse demande une attention que l’on ne satisfait pas. « Marx peut attendre », écrit-il à Marco dans l’espoir qu’il fasse une pause dans ses occupations politiques et le comprenne à demi-mot.
"Marx peut attendre" est un film de montage plus que de mise en scène, où s’entrecoupent extraits de films de Bellocchio et souvenirs d’enfance de la fratrie, un parallèle intéressant pour comprendre davantage l’œuvre du réalisateur italien dont les sujets de prédilection tournent souvent autour de la famille et de la politique. L’émotion, un peu tarie par cinquante années de deuil, ressurgit cependant au détour d’une photo, d’une parole révélatrice, d’un morceau de film que l’on analyse sous un jour nouveau.
Amande DionneEnvoyer un message au rédacteur