MARTIN EDEN
Il novecento di Pietro Marcello
Martin Eden est un ouvrier qui voyage et lit des livres. Sa passion pour la littérature le conduit à écrire lui-même, mais il ne parvient pas à en vivre. Il rencontre une jeune femme aisée dont il tombe amoureux, mais dont il ne supporte pas l’état d’esprit de l’entourage. Après leur rupture il finira par devenir un écrivain renommé mais pourrait bien ne plus jamais le bonheur…
Quel plaisir de voir des cinéastes s’essayer à bâtir des épopées aventureuses à l’ancienne, qui nous conduisent à suivre le cheminement d’un personnage fougueux et ambitieux dont le destin évoluera en traversant les évènements de son époque. C’est ce qu’implique l’adaptation de Martin Eden, roman écrit en 1909 par le grand écrivain-aventurier Jack London, et qui contient tout les éléments d’une bonne histoire. Il conte le destin d’un marin autodidacte qui deviendra un riche écrivain après de longues années de galère, mais dont la réussite ne l’empêchera pas de sombrer dans un désespoir causé par ses malheurs sentimentaux. Le film transpose ce récit dans l’Italie du début du 20ème siècle et parvient à en faire un périple passionnant, divisé en deux parties : les années de travail manuel et de formation à la littérature, puis la déchéance de l’auteur devenu célèbre.
Une structure similaire à celle des grandes fresques italiennes des années 70 de Bertolucci et de Visconti, dans la lignée desquelles il se place, sans toutefois parvenir à en atteindre la dimension. "1900" de Bertollucci parvenait à inscrire de façon extraordinaire le parcours de ses personnages au cœur des violents conflits idéologiques naissant au commencement du siècle. Il donnait à leur vie une ampleur stupéfiante, tout en imprimant l’atmosphère d’une époque. Si le projet "Martin Eden" ne prétendait certainement pas se placer à la hauteur d’un tel modèle (qui l’oserait ?), il est toutefois dommage qu’il n’ait pas mieux exploité le ressort narratif qu’aurait pu constituer le contexte politique auquel se frotte le héros. La seconde partie du film, quant à elle, rappelle la déchéance de Louis II de Bavière dans le "Ludwig" de Visconti. Un aristocrate enfermé dans son confort et qui se morfond en constatant son inexorable déclin. Une décrépitude dont l’impact dramatique n’est pas aussi puissant ici, car il ne prend pas forme sur une durée de temps suffisamment longue (mais sur quelques scènes seulement).
Le film de Pietro Marcello est certes plus modeste que les grandes œuvres dont il nous remémore l’écho, mais il en porte l’héritage avec courage, ce qui ne peut que réjouir les nostalgiques des grandes heures du cinéma italien. Un film qui aura été remarqué à la Mostra de Venise, puisque son acteur principal, Luca Marinelli étant reparti avec la Coupe Volpi du meilleur acteur pour ce rôle.
David ChappatEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
MARTIN EDEN de Pietro Marcello – Film annonce officiel from Shellac films on Vimeo.