MARTHA
Sans issue ?
Martha travaille depuis 34 ans comme archiviste. Renvoyée, seule, elle se sent inutile et décide de mettre fin à ses jours…
La semaine de la critique du Festival de Venise 2010 nous a offert un petit film mexicain, tourné en vidéo, et terriblement d'actualité, en ces temps de crise économique : "Martha" signé Marcelino Islas Hernandez. Histoire toute simple d'une femme âgée, ayant travaillé pendant 34 ans pour une même entreprise comme archiviste, qui se voit renvoyée, avec l'arrivée des nouvelles technologies. L'humiliation se lit facilement sur son visage, obligée d'écouter, résignée, les motifs de son employeur, mielleux, et de former la jeune femme qui va la remplacer.
La première partie du film nous présente ainsi cette femme, serviable et discrète, qui apporte une aide quotidienne à sa voisine Sonia, dînant avec elle, l'accompagnant chez le médecin, regardant avec elle les telenovelas (sortent de soap d'Amérique latine). La seconde pose le renvoi comme une voie sans issue, la vieille dame décidant de préparer son suicide, pour le vendredi soir, histoire de ne surtout pas manquer ses derniers jours de travail. Avec pour seule famille, les petites statues de plâtres qu'elle a accumulés, ce portrait d'une vieille dame digne bouleverse.
L'absence de révolte fait peine à voir, la résignation menant naturellement à l'absurdité d'un suicide qui fait l'objet d'une aide de l'ensemble des personnes qu'elle va rencontrer, comme s'il était pleinement admis que les personnes âgées sont inutiles. L'actrice principale, Leticia Gómez, fournit une prestation impressionnante de sobriété, faisant croire à l'attachement de cette vieille dame, aux petits objets qui l'entourent, comme aux gens qu'elle croise dans ses dernières heures. Touchant, et partiellement désespéré.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur