LA MARQUE DES ANGES - MISERERE
Splendeurs et Miserere
Un commissaire parisien à la retraite enquête sur la mort d’un chef de chœur dans une église, les tympans brisés. En parallèle, un agent d’Interpol suit les traces d’une organisation secrète spécialisée dans le rapt d’enfants. Les deux affaires se rejoignent bientôt et les deux hommes que tout oppose sont forcés de faire équipe…
Quatrième adaptation d’une œuvre de Jean-Christophe Grangé, en sus du "Vol des cigognes" pour la télévision, "La Marque des anges" est la preuve que le petit monde du cinéma français n’abandonnera pas de sitôt l’idée de porter enfin correctement à l’écran l’œuvre retentissante de l’ancien reporter. Ce n’est plus de la persévérance, mais de l’acharnement, et il est malheureusement à craindre que cette version mollassonne du roman Miserere ne soit pas la dernière tentative du milieu pour attirer dans les salles les adorateurs de l’écrivain.
Quand le spectateur n’a pas l’impression de regarder purement et simplement un mauvais épisode de série télé française, il lui arrive d’esquisser des sourires gênés face à la maladresse congénitale des policiers (ceux qui, à Bruxelles, laissent entrer deux types taciturnes et armés sans rien oser faire alors qu’une juge de la CPI est menacée de mort à l’intérieur) ou de rire franchement au gré des tribulations improbables d’un si énorme Gérard Depardieu, qu’on se demande furtivement comment la caméra parvient à le filmer tout entier. Alors que JoeyStarr poursuit son rôle traditionnel d’incontrôlable tête brûlée, Cyrano, truculent à souhait, en fait des tonnes et détonne dans ce paysage faussement sombre où les jolis mômes copient vaguement les inquiétants enfants du "Village des damnés". Sauf qu’on n’y croit pas une seconde, à tout ça, surtout pas quand Depardieu, léger comme un éléphant, s’infiltre dans les recoins secrets d’un centre pour orphelins afin d’y entendre les méchants détailler point par point leur complot (ah ah), ou quand JoeyStarr, suspendu d’Interpol, berne de stupides flics de l’est de la France avant de crever tous les pneus de leurs voitures de service (ah ah ah).
Le film, réalisé par un obscur inconnu du nom de Sylvain White, n’est toutefois pas vraiment mauvais. Il laisse simplement indifférent – un comble pour une histoire aussi forte qui démarre sur des enfants de chœur assassins et se termine sur un héritage terrifiant venu de la Seconde Guerre mondiale en passant par la dictature chilienne de Pinochet. Pas beaucoup de splendeurs et trop de misères, voilà le programme de ce chant religieux totalement désintéressé et parfaitement inintéressant.
Eric NuevoEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE