MARIE-JO ET SES DEUX AMOURS
Un film formidable de justesse
Marie Jo se partage entre son mari et son amant. Ne sachant choisir, elle gère sa vie au jour le jour, et a du mal à être heureuse…
Le sujet de l'adultère a été mainte fois rebattu au cinéma, peut-être moins pour son fond profondément humain, que pour ses aspects potentiellement sensationnels et conflictuels. Ici, pas d'effusions ni de sentimentalisme bêta : l'adultère est présent dès le départ, c'est une donnée de la vie de Marie Jo, femme de tête, forte et fragile à la fois.
Ariane Ascaride met toute son âme dans ce rôle sincère et juste, d'une femme partagée. Si elle aurait certainement mérité le prix d'interprétation à Cannes, ses deux comparses, Gérard Mélan, à la fois massif et tendre et Jean Pierre Darroussin, bouleversant, en amoureux insistant et courageux, nous livrent eux aussi des interprétations fortes.
On regrettera simplement l'utilisation parfois maladroite de morceaux musicaux sensés traduire les émotions des personnage.'What a wonderfull world' d'Armstrong, 'Je suis malade' de Serge Lama, 'Evidemment' de France Gall, s'ils reflètent des états d'âme, les soulignent finalement presque trop, laissant peu de place à l'ambiguïté.
La chaleur du midi, le choix des couleurs et d'une photo toujours lumineuses, la lenteur de l'action, contraste avec les tourments des personnes. Si l'on attendait pas forcément Guédiguian du côté de la comédie de mœurs virant au drame, on est d'autant plus content de partager avec lui cette belle et émouvante surprise.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur