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MARGIN CALL

Un film de J.C. Chandor

La crise pour les nuls : un casting de luxe pour un film efficace et didactique

Dans une grande banque d'affaire, de jeunes recrues assistent à un licenciement groupé, visant à réduire drastiquement les effectifs. Leur chef, depuis plus de 30 ans dans la boîte, se retrouve dans le lot, et se voit en quelques minutes, confisqués tous ses dossiers. Il a juste le temps de brancher l'un des traders sur un dossier sensible, mettant en avant des prévisions catastrophiques sur les actifs de la firme...

Film découvert en compétition au Festival de Berlin 2011, "Margin Call" dépeint la nuit qui a précédé le déclenchement de la crise des sub-primes, dont les conséquences se font encore ressentir aujourd'hui. Un casting 4 étoiles (Kevin Spacey, Stanley Tucci, Demi Moore, Jeremy Irons...) permet au scénario, qui vise le cynisme des dirigeants des grandes banques, de tenir la route, entre dénonciation des coupables et responsabilisation du grand public. Construit à la manière d'un film catastrophe, il annonce la chute à venir tout en mettant en perspective les destins des humains qui se retrouvent en première ligne.

On regrettera que le film, qui ne cache pas certains données, chiffres ou pratiques absolument indécents, ne remette finalement pas en cause le système et ne s’attelle qu'à décrire un suspense qui rend au bout du compte humains, presque toutes les pires ordures. L’œuvre est cependant bien plus claire et palpitante que le navrant "Wall street 2, l'argent ne dors jamais", réussissant à nous offrir une immersion dans le monde sans pitié des entreprises de la finance. La scène d'ouverture, avec la vague de licenciements est d'ailleurs certainement de ce point de vue, la plus intéressante, obligeant chacun à se positionner face à un système qui méprise l'homme.

Reste que le film abuse quelque peu des symboles faciles : plans d'ensemble sur les bâtiments les plus hauts, symbole du tout puissant pouvoir économique, scène de l'ascenseur avec les femmes de ménages (les victimes) prises en étau entre les deux boss... La chute est donc décrite avec minutie, faisant place à quelques beaux numéros d'acteurs, comme celui de Jeremy Irons lors du conseil d'administration. En bref, « Margin call » vaut surtout pour la pertinente composition de son casting, qui permet à Demi Moore de faire un retour remarqué, et pour ses aspects pédagogiques. L'énumération de toutes les dates de crash de l'histoire du capitalisme est de ce point de vue très instructive. Et le message est assez pessimiste pour rendre le film un minimum politique : « Rien ne change ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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