MARGARET
Un troublant portrait
Margaret tient une petite boutique dans un quartier de Dublin. Alors que son locataire est parti, lui laissant sa voiture en guise de payement, et que son ex-mari est réapparu pour lui annoncer la disparition de leur fils, elle recueille Joe, un jeune homme de 10 ans, trouvé blessé dans la ruelle arrière du magasin…
"Margaret" est le portrait d'une femme isolée, comme réfugiée dans une négation de son passé, et soudain confrontée au rôle qu'elle a autrefois refusé d’endosser : prendre soin d'un enfant, ou plutôt ici d'un adolescent. Centrée en permanence sur le personnage qu'interprète avec force subtilité la trop rare Rachel Griffiths ("Muriel", "Me myself and I", La série "Six Feet Under"), la caméra de Rebecca Daly capte toutes ses nuances de regards, ses soudains changements de visage, comme cherchant à creuser derrière cette façade de femme inébranlable, dont les choix ont autrefois blessé.
Choisissant de s'attarder sur la relation ambiguë qui se développe entre elle et un jeune délinquant du secteur, le scénario provoque le trouble, en se gardant bien du moindre jugement vis à vis des personnages. Barry Keoghan, découvert dans "’71" et vu récemment dans "Dunkerque" et "Mise à mort du cerf sacré", compose un personnage ambigu trouvant auprès du personnage principal féminin un semblant d'équilibre. Traitant de la persistance des liens, du deuil, de l'espoir de retrouvailles, avec une véritable générosité, "Margaret" réussit un troublant mélange entre thriller délicat et drame intime.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur