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MARADONA PAR KUSTURICA

Un film de Emir Kusturica

Maradoka ou Kusturina ?

Une évocation à la sauce serbe de la carrière du grand (par le talent, mais petit par la taille) footballeur argentin prénommé Diego ! Un documentaire en fait, réalisé par le metteur en scène décalé que l’on connaît, et de façon originale entre boires et déboires de l’intéressé. Cinq ans d’un travail judicieux et méticuleux pour pouvoir observer et interviewer ce personnage étonnant et adulé de tous, du moins des passionnés de foot. Interviews, mais aussi extraits de matchs mythiques bien sûr, agrémentés de petites animations acerbes (et Serbes évidemment) contre le capitalisme ambiant…

Kusturica s’est donc lancé dans le défi footballistique de narrer une partie de la vie de Diego Maradona, personnage de légende, qu’on ne présente plus. Une entreprise assez bien faite dans l’ensemble. Très fidèle a la réalité, elle donne à voire le personnage dans son milieu, avec ses forces (notamment ses buts de légende, au temps de sa gloire) mais aussi ses grandes faiblesses, comme la drogue principalement. On sent vite la complicité qui s’instaure entre les deux hommes, qui sont des gens engagés politiquement tous les deux.

En effet, on note rapidement que Diego est profondément communiste (entretien avec Castro, Lazzis contre Bush etc.) et que malgré ses revenus encore élevés sans doute, il crache un peu dans la soupe quand même. Mais, après la carrière qu’on lui connaît, sans faille, du moins dans le foot, il revient et est revenu de loin, de très loin, ce qui est finement mis en évidence. Hélas, et on ne sait pas vraiment pourquoi, la drogue a failli le perdre totalement et l’anéantir définitivement au sommet de sa gloire. En fait, Kusturica admire peut être trop son héros, on le sent, sans pour autant trop l’encenser. Il le dépeint finement, avec ses traits de caractères intacts et réels, passant d’extraits de matchs mémorables de coupe du monde, à des interviews du footballeur bouffi et dévisagé par la drogue, ceci souvent sans concession ni lien précis d’une scène à l’autre.

Même si Kusturica a souvent du mal à se sortir de positions engagées dans ses films, il ne déroge pas ici à la règle, en entraînant Maradona avec lui. Il n’en reste pas moins que cet opus étrangement mené et pour le moins original, peut plaire, y compris à ceux qui ne partagent pas leurs idées politiques ou leur amour du foot. Le but semble donc atteint, donnant lieu à Cannes à une séance de minuit à l’ambiance de folie, digne d’un match de coupe du monde de foot. Mon voisin, paré du maillot argentin comme beaucoup dans la salle, chantait à tue tête et par coeur, les airs du films sans faiblir pendant toute la projection. ALLEZ ALLEZ DIEGO GOALLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL !

Hugues MinotEnvoyer un message au rédacteur

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