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MANTA RAY

Une poétique évocation thaïlandaise de l’exil, la séparation et la spoliation

Un jeune homme teint en blond découvre un homme blessé dans la mangrove. Le recueillant, il le soigne, lui parle, l’emmène un peu partout, alors que ce dernier ne prononce pas une parole…

Manta Ray film image

"Manta Ray" est un film thaïlandais où l'ambiance et la parabole priment sur la narration. Parabole de la spoliation d'une vie, la douleur du deuil amoureux, le film convoque les esprits et une nature magique dans un récit volontairement abstrait. Sa situation dans une région de Thaïlande où des réfugiés Rohingyas (ethnie musulmane persécutée au Bengladesh) ont été retrouvés noyés, laisse présager de la nature de l’homme retrouvé noyé, qui va peu à peu prendre la place du personnage principal.

Plus sensoriel que descriptif, le film emprunte des chemins inattendus, convoquant, comme pour son compatriote Apichatpong Weerasethakul, fantômes des disparus, puissance de la nature et séquelle du passé. Invitant à réfléchir sur le traitement réservé aux étrangers, réfugiés de surcroît, mais aussi à l’exploitation de travailleurs forcés à la solitude, "Manta Ray" déploie une étrange et séduisante poésie au travers d’images d’une beauté envoûtante.

L'esthétique adoptée invite ainsi à l'immersion dans un monde et une forêt où les couleurs néons créent d'étranges et beaux phénomènes. Récompensé par le Prix du meilleur film dans la section Orrizonti du Festival de Venise 2018, le film séduit par sa dramaturgie éclatée et une cohérence esthétique tenue de bout en bout, alliant mystère et fascination, polar, drame et chronique intime des plus hypnotiques. Un signe qu’il faut désormais compter avec plus d’un auteur dans le cinéma Thaïlandais.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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