MAGUY MARIN : L’URGENCE D’AGIR

Le point d’entrée dans le film est une voix-off, celle du réalisateur, qui explique ce qu’est le film : un fils qui part à la découverte de sa mère. Un fils qui va présenter sa « tribue », son enfance et les gens avec qui il a grandit. L’aspect rétrospectif du film est traité avec des images d’archives. On trouve en effet de nombreux extraits des différents spectacles de Maguy Marin, mais aussi des images plus personnelles, anecdotiques, de l’artiste au travail, dans la vie ou dans l’intimité. Ces images sont intelligemment incluses à la mise en scène : elles sont projetées sur le mur et sur le sol d’une scène.

Maguy Marin, c’est aussi un ensemble de gens, une compagnie permanente, une tribu qui existe et qui ne s’est pas séparée depuis la création du spectacle May B. Les différents membres, vivants et morts, viennent raconter l’histoire, la leur et celle des autres dans des interviews faites pour l’occasion ou assemblées. May B est mis une nouvelle fois en scène spécifiquement pour le film, avec, si vous êtes attentifs, différents danseurs. Ce sont tous les danseurs qui ont un jour fait cette pièce qui viennent rendre hommage à la chorégraphe et à l’œuvre, en se glissant une nouvelle fois dans le costume. Ces sont ces séquences de danse qui sont les plus travaillées. D’une part sur la lumière et sur des effets de flous qui magnifient et interrogent les corps très particuliers qui évoluent sur la scène. C’est aussi un travail très important sur le son, sur les respirations, les bruits et gémissements gutturaux qui donne de la corporalité à ces corps.

"Maguy Marin : l’urgence d’agir" est un très beau film, très personnel, qui revient avec émotion et intelligence sur la carrière de cette artiste, qui invite à la découvrir. Mais plus qu’un simple documentaire rétrospectif, c’est une clé pour entrer dans cette œuvre immense, pour comprendre cette urgence d’agir, de faire et de questionner qui anime cette femme depuis tant d’années et qui a fait des petits partout dans le monde.