MAGNIFICAT
Une femme prêtre : blasphème ou renaissance de l’Église ?
À la mort du père Foucher, la chancelière du diocèse découvre que ce dernier est une femme. Comment a-t-elle pu berner pendant tant d’années cette institution et intégrer des rangs qui lui sont interdits de par son genre ? Si les dirigeants de l’Église cherchent à faire taire l’affaire, Charlotte ne veut pas en rester là et part sur les traces de ce prêtre énigmatique, au péril de son statut…
Inspiré du roman Les femmes en noir d’Anne-Isabelle Lacassagne (2017), "Magnificat" est un film féministe qui questionne les fondements de l’Église sur grand écran. Trouvant le ton juste pour être revendicateur sans être polémique, il est porté par Karin Viard qui cherche la vérité envers et contre tous. L’enquête policière de cette chancelière lui permettra de découvrir l’identité profonde du père Foucher, tout en se reconnectant à son histoire personnelle. Des bancs de l’assistance publique aux Saintes Maries de la Mer, l’itinéraire touchant de son personnage réactive une lutte avec son fils, très justement incarné par Maxime Bergeron, et lui rappelle qu’elle aussi porte un secret que l’Église n’a pas pu supporter. Grâce à cette « femme en noir » qu’était le père Foucher, elle redécouvre et affirme son identité de femme au sein d’une institution vieillissante, en soulignant la nécessité pour celle-ci de changer d’ère : « la religion catholique doit évoluer ou elle mourra. »
Passionnant par les problématiques qu’il relève, le choix de faire de "Magnificat" un film policier est original sans être totalement convaincant. En effet, partant d’un trouble du genre, les fins possibles sont réduites et guident plutôt vers une histoire de vie (non une intrigue policière). Même si la féminité du père Foucher donne par avance des clés de lecture au spectateur, la découverte de son secret n’est pas sans rappeler l’événement qu’avait été "The Crying Game" à sa sortie. Semblant être utilitariste par le traitement des identités de Pascal et de Mathilde, la présence de Stéphanie Michelini permet de nuancer cette critique. Ainsi, même si le féminisme de ce film semble voiler d’autres causes, son propos souligne avant tout le profond conservatisme de l’Église catholique et la nécessité de son évolution (sur tous les points).
Touchant et troublant, "Magnificat" parle des combats pour être une femme ou pour être accepté en tant que telle. Et même s’il semble porter en lui certains clichés, ceux-ci tentent de dénoncer les discriminations qui leur sont liées.
Adam GrassotEnvoyer un message au rédacteur