MAGIC IN THE MOONLIGHT
Une délicieuse douceur allénienne
Lors d’une représentation de son spectacle à Berlin, le célèbre magicien Wei Ling Soo, reçoit la visite de son vieil ami Howard Burkan. Illusionniste comme lui, ce dernier lui demande de l’accompagner sur la côte d’Azur pour démasquer une jeune américaine qui prétend lire dans les pensées…
Auteur prolifique, Woody Allen aime varier les plaisirs. Cinéaste Intuitif, à l’esprit aiguisé, il surprend régulièrement son public en abordant des sujets où on ne l’attend pas. Ce fut le cas l’an dernier avec « Blue Jasmine » qui dressait le portrait cruel d’une femme matérialiste en pleine déchéance. Pour tenir le rythme d’un film par an, le réalisateur intercale souvent entre ses œuvres dites « majeures», des films plus légers qui, bien que dignes d’intérêt, ne marquent pas de réel tournant dans l’éblouissante carrière du génial Woody. « Magic in the moonlight » est de ceux-ci.
Le cru 2014 s’inscrit dans la catégorie « illusionnisme raffiné » en évoquant une nouvelle fois la fascination du cinéaste pour les spectacles de magie si prisés dans les années 20. Le postulat de départ est simple : une jeune américaine méduse la haute bourgeoisie britannique grâce à un extraordinaire don de voyance et l’illustre prestidigitateur Wei Ling Soo, alias Stanley Crawford, va se charger de découvrir les rouages d’une telle supercherie. Vous l’aurez deviné, l’enquête n’est pas aussi simple qu’il n’y parait et voilà notre homme cynique et cartésien pris au piège d’un phénomène irrationnel.
Grâce à cette intrigue digne d’un roman policier, Woody Allen distille, comme il le fait si bien, des dialogues savoureux qui égratignent avec un flegme so british toute sorte de croyance, à commencer par l’une des plus célèbres, la religion chrétienne. Un propos loin d’être blasphématoire puisque ce discours est tenu par un rustre dandy anglais qui, faute de résoudre la mystique énigme, en vient à douter de son athéisme. Woody aurait-il été touché par la foi ? À vous de le découvrir.
Outre ces savoureux mystères, « Magic of the moonlight » révèle une sublime ambiance de villégiature chez les grands de ce monde. Accompagnés par les plus beaux standards de jazz de l’époque, les protagonistes déambulent, élégants et radieux dans une chaleureuse lumière d’été provençal. Une photographie soignée qui illumine une Emma Stone resplendissante, divinement imprégnée par la prose de Woody Allen. Une prestation couronnée de succès car la jeune actrice jouera dans le prochain film du cinéaste aux côtés de Joaquin Phoenix. En attendant, ce dernier numéro n’est peut-être pas le plus prestigieux de notre chouchou new-yorkais, mais malgré quelques grosses ficelles, la mécanique est bien rodée et la magie des mots et des images sont du plus bel effet.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE