MADAME SATA
Un personnage attachant, aux mille et une facettes
Ceux qui s'attendent à découvrir, avec Madame Sata, un nouveau Priscilla Folle du Désert ou à se rincer l'œil devant toutes sortes de travestis ou transsexuels en plein spectacle, vont être déçus. Bien sûr, le film ne saurait aborder la vie de Joao sans montrer les affres de certaines de ses liaisons homosexuelles, parfois torrides. Cependant, c'est à la complexité de cette personne que le scénario s'attache, et à ses relations avec la société qui l'entoure. Se rebellant contre le racisme ordinaire, qu'il vienne de la part de ses amants, des clients du bar qu'il fréquente, de ses patrons au cabaret, ou de vigils de boîte de nuit, la rage qui y répond et l'anime est palpable.
Le regard et la musculature exacerbée de l'acteur principal sont pour beaucoup dans la puissance que dégage ce personnage, aux actes ambiguës, sachant jouer d'autorité comme de séduction et douceur. Son caractère entier lui vaudra bien des ennuis. Sans jamais verser dans le misérabilisme, ni le cliché facile, le réalisateur nous dresse le portrait d'une génération qui va faire naître une véritable culture afro-brésilienne, et donner à Rio l'image qu'il a aujourd'hui. Un film fort et troublant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur