MADAME B, HISTOIRE D’UNE NORD-CORÉENNE
Un documentaire captivant sur une femme épatante
Madame B, Nord-coréenne, est vendue à un paysan chinois. Pour subvenir à ses besoins et essayer de faire venir son mari et ses deux fils, elle va se lancer dans plusieurs activités illégales. Mais tout ne va pas se passer comme prévu…
Préparant une fiction sur les réfugiés nord-coréens, le réalisateur Jero Yun a croisé le chemin de l’incroyable Madame B. Immédiatement, il a décidé de transformer son projet initial en documentaire sur cette personne au parcours hors du commun. Et si l’histoire est vraie, le scénario est digne des fictions les plus imaginatives. Cette fameuse Madame B est une nord-coréenne ayant fui son pays pour la Chine. Malheureusement pour elle, à peine la frontière franchie, elle se retrouve vendue à un paysan chinois. Sauf que son premier mari et ses deux enfants attendent en Corée le moyen de la rejoindre. Alors, elle ne va pas se démonter, et va multiplier les combines pour les aider à quitter la dictature. Tantôt dealeuse, tantôt proxénète (elle vend deux filles dans les karaokés), elle est également devenue une passeuse réputée. Ses motivations sont aussi simples que claires : se faire « de l’argent facile ».
Mêlant instantanés caméra à l’épaule et interviews, ce documentaire (amené à être complété par un webdoc) bénéficie avant tout de la trajectoire rocambolesque de cette famille (le mari sera lui accusé d’espionnage). Mais il est aussi une uvre nécessaire, livrant une réalité rarement montrée à l’écran avec une telle proximité. Recourant un peu trop aux voix-off, le métrage n’en demeure pas moins passionnant, en particulier lorsqu’il dessine en creux la paranoïa ambiante dans laquelle sont plongées les deux Corées, notamment lors de cette deuxième partie où Madame B entreprend elle-même un voyage clandestin pour rejoindre la Corée du Sud via le Laos et la Thaïlande. Avec des rebondissements dignes de blockbusters et un suspense hitchcockien, le film, jouant parfaitement des ellipses, est un voyage qui, au-delà de retracer le périple d’une femme, nous conte le quotidien d’une des pires dictatures contemporaines.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur