MACHTAT

Mahdia, ville côtière à l’Est de la Tunisie. Un mariage est célébré dans la démesure que veut la tradition. Des femmes chantent avec enthousiasme, entraînant la foule dans leur joie communicative. Ce sont des « machtat », nom commun qui donne son titre au film et qui désigne les musiciennes traditionnelles spécialisées dans ces cérémonies. La caméra ne quittera plus jamais ces trois femmes, les suivant à différentes noces, mais également chez elles, dans leur quotidien. Fatma est la mère, Najeh et Waffeh, ses filles. Même si elles entonnent des refrains pour louer les unions, elles-mêmes ont une expérience délicate avec ce sacrement : l’aînée cherche par tous les moyens à se remarier pour échapper à l’autorité de ses frères, la plus jeune voulant se débarrasser d’un époux violent.

Il y avait donc matière à capturer une œuvre emplie de paradoxes, où des femmes victimes du patriarcat le jour doivent en vanter ses mérites frénétiquement la nuit. Malheureusement, le documentaire restera toujours à la surface, se contentant de mettre en boîte les images sans apporter un quelconque point de vue. Superficiel, et donc rapidement anecdotique, le métrage peine à intéresser sur la longueur, une fois les enjeux, demeurés simple lettre d’intention, posés et expliqués. Si le voyage de l’autre côté de la Méditerranée n’est pas déplaisant, il s’avère bien trop léger pour justifier pleinement son détour par la Croisette dans le cadre de la sélection 2023 de l’ACID.