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MA VIE AVEC LIBERACE

Un film de Steven Soderbergh

Sexe, drogues et costumes à paillettes

1977. Liberace, un grand pianiste et showman américain, croise le jeune Scott Thorson dans les loges pendant sa tournée. Malgré la différence d’âge et de milieu social, une idylle va naître entre les deux hommes, faite de passion, concession et jalousie. Bienvenue dans les coulisses de la vie d’un grand entertainer, roi du kitsch…

Quelques mois à peine après la sortie d’"Effets secondaires", Steven Soderbergh, en bon boulimique qu’il est, sort déjà un nouvel film, "Ma vie avec Liberace", biographie d’un pianiste américain qui a connu la gloire dans les années 50 à 70, avec des shows extravagants et des tenues encore plus délirantes (et surtout plus onéreuses) que le costume blanc à col napoléon d’Elvis avec son aigle royal sur le dos. Et cette extravagance n’était pas seulement une mode pour attirer les vieilles dames et les jeunes hommes à ses concerts, mais c’était un vrai style de vie pour cet homme d’origine modeste, qui s’est construit un empire à la force de ses doigts. S’il y avait eu, à l’époque, un award du bling bling, Liberace l’aurait obtenu plusieurs années consécutives, reléguant les stars du disco et leurs tenues en lurex au rang d’amateurs.

Mais là n’est pas le propos. Au-delà de l’intérêt biographique du film, c’est l’histoire d’amour et le contexte dans lequel elle a lieu qui est le plus intéressant. Car à travers eux se dessine la question du mariage gay, qui fait encore débat dans certains états des Etats-Unis, comme ça l’a été en France. Ici, le personnage de Liberace est obligé d’adopter son amant pour lui léguer une partie de son empire. C’est la seule solution dont le couple dispose pour partager son patrimoine. Aussi, la question de l’usage démocratisé de drogues comme la cocaïne, les débuts de la chirurgie esthétique et l’apparition du SIDA sont évoqués.

Niveau casting, Steven Soderbergh savait que pour attirer le public dans les salles, il avait besoin de deux acteurs au charisme et à la notoriété forts : Matt Damon, un de ses fidèles acteurs ("The Informant!" et la série des "Ocean’s") n’hésitent pas à se ridiculiser dans un rôle d’éphèbe et toyboy abusant du scalpel ; et Michael Douglas, à qui il avait déjà donner un rôle dans "Piégée", après sa rémission de cancer de la gorge. Et il a eu raison. Le duo fonctionne à merveille. Aucun des deux n’est ridicule, malgré le caractère caricatural des personnages. Et Michael Douglas signe un retour incroyablement audacieux avec ce personnage haut en couleur.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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