MA MEILLEURE AMIE, SA SOEUR ET MOI
Frais, drôle et savoureux, un film qui « des potes » !
Lynn Shelton revient au cinéma après "Humpday", un premier film indépendant qui a fait peu d’entrées en France mais qui a beaucoup fait parler de lui et qui a su intéresser Yvan Attal, qui réalisa son remake devenu "Do not disturb" avec François Cluzet (sortie en France le 3 octobre 2012). Avec "Ma meilleure amie, sa soeur et moi" ("Your sister’s sister" en VO), son second long-métrage, Lynn Shelton retrouve Mark Duplass (déjà dans "Humpday") et lui met dans les pattes deux sœurs inséparables : Emily Blunt ("Le Diable s’habille en Prada", "L’Agence") et Rosemarie DeWitt ("Rachel se marie" ou la série "Mad Men").
Dans un film sur la fraternité, les relations entre les personnages prennent un sens plus important encore. C’est d’abord l’attachement que l’on imagine entre Jack et son frère décédé et ce sont aussi les liens forts qui unissent Iris et sa sœur Hannah. Et dans ce ménage à trois, entre deux filles et un garçon, les rapports vont prendre une tournure bien inattendue. Lynn Shelton a parfaitement su distiller dans son scénario des moments de comédie, d’amour et de déchirements. Un melting-pot d’émotions qui s’enchaînent dans une profusion de scènes remarquablement réalisées et jouées. Les trois comédiens qui portent littéralement le film sont à la fois d’un naturel et d’une expressivité confondants. On aimerait être auprès d’eux pour les réconforter quand ils sont tristes, partager leur joie quand ils s’amusent… comme si on pouvait passer de l’autre côté de l’écran et qu’ils nous avaient acceptés comme potes.
Alors bien sûr, Lynn Shelton explore des thèmes universels et familiers du cinéma, pour ne pas dire usés, comme la frontière entre l’amitié et l’amour, ou la perte et le vide ressentis après une séparation ou une disparition, sans oublier la nécessaire communication dans toutes relations, mais elle ne bascule jamais dans l’emphase et reste dans une simplicité et une spontanéité remarquables. Pour preuve, les purs moments de comédie comme les scènes, franchement drôles, du jogging et des pancakes, ou dans les scènes plus sensibles de révélations et de douleur au cœur. Et tout le talent de Lynn Shelton est de les associer à des sujets de société actuels, comme la sexualité et la maternité par exemple, en les intégrant savoureusement à son histoire et à la vie de ses personnages, qui deviennent encore plus proches de nous.
C’est donc une petite réussite que ce second film qui nous happe dès les premières scènes et jusqu’à la toute dernière image. Une fin à ne pas rater et qui ouvre sur ce qui pourrait être un autre long-métrage. Alors Lynn Shelton si vous lisez ces quelques lignes, s’il vous plaît, reprenez là où vous avez laissé votre film et offrez à Jack, Iris et Hannah une nouvelle vie et de nouvelles aventures car nos nouveaux potes nous manquent déjà !
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur