MA COMPAGNE DE NUIT
Quand on ne soigne plus…
Pour son premier long métrage, Isabelle Brocard s’attaque à un sujet lourd : la maladie, et plus particulièrement le cancer. Dans les premières minutes, on découvre Julia, la quarantaine, les cheveux courts et les traits tirés du fait de sa maigreur, quittant l’hôpital d’un pas décidé. Atteinte d’un cancer en phase terminale, il est temps pour elle de rentrer finir ses jours dans un lieu « agréable ». Mais elle en a décidé autrement. En effet elle refuse de s’installer en maison de repos comme chez ses parents et tient à rester chez elle. Pour ne pas être seule, elle emploie alors Marine, à qui elle fera confiance pour l’accompagner vers la mort.
« Tu sais ce que c’est toi, un cancer généralisé ? » nous dit le personnage du frère de Julia, joué par Laurent Grévill. « Oui, c’est quand on ne soigne plus. ». Il n’y a alors plus d’issues de secours, juste une porte de sortie. La réalité de la maladie dans ses hauts et ses bas, la souffrance chaque jour plus forte, les angoisses la nuit venue, les questionnements et les doutes, les regards qui changent, tout y est. Sans tomber dans le mélodrame, Isabelle Brocard explique avec des situations simples l’inexplicable.
Ce qui est intéressant ici, c’est la relation profonde et sincère qui se tisse entre les deux femmes. Une fois ensemble elles n’ont plus le choix, c’est la vie qui les unit, jusqu’à la mort. « Deux fleuves qui s’écoulent côte à côte et qui commencent à se mélanger » voilà ce qu’elles sont, et c’est ce que Gaspard décrit dans son émission de radio en parlant du bout du monde. Lui c’est l’homme que Julia a aimé, mais elle le repousse désormais et s’interdit son amour. Alors elle s’endort la radio allumée, écoutant cette voix bercer son cœur fragile.
Malgré une certaine justesse et un réalisme qu’on peut reconnaître à son auteur, le film est alourdi par un scénario qui s’encombre d’informations inutiles. Le problème hormonal de Marine par exemple, n’a pas vraiment de raison d’être. La maladie en soit est plutôt bien traitée, on aurait donc pu se passer de quelques scènes qui n’apportent rien à l’histoire. S’ajoute à cela un jeu plutôt inégal des acteurs, même si Emmanuelle Béart est relativement convaincante.
Ce que l’on retiendra ici, ce n’est pas l’histoire qui se tisse autour de la maladie, ce n’est pas non plus les personnes qui gravitent autour, c’est ce chemin douloureux et cette incertitude permanente qui angoisse. C’est le fait de savoir vers quoi on va sans savoir où l’on va.
Anne-Claire JaulinEnvoyer un message au rédacteur