LOVE IS ALL YOU NEED
Une comédie facile mais portée par des interprètes impliqués
Les bases du scénario de "Love is all you need" évoquent à elles seules une accumulation de clichés : mariage romantique en Italie, adultère avec une secrétaire, maladie incurable comme base d'une remise en cause de sa vie... Pourtant la galerie de personnages proposés ici par la danoise Susanne Bier (« Brothers », « After the wedding ») a de quoi réjouir nos zygomatiques et évitera au film de se transformer en fiasco à l'image d'un « Mamma mia » (autre récit du même genre, situé en Grèce, lui).
Rendant crédibles presque tous ses protagonistes, à l'exclusion peut être des futurs mariés, le scénario tourne autant en dérision les futurs tourtereaux, dans leurs blocages respectifs (la maladie qui rend laide pour elle, le veuvage qui rend accroc au travail pour lui), que les proches, une tante du marié, envahissante, putassière, et qui semble amoureuse de celui qu'avait épousé sa sœur (voir le toast qu'elle porte lors du premier repas...), un mari odieux, qui « ne se serait même pas aperçu » qu'il manquait un sein à sa femme, tellement il semble intéressé par des rondeurs plus jeunes, ou encore sa maîtresse, sa pouffe blonde, pour qui « le mot slut a été inventé » et qui semble bien plus préoccupée du déroulement matériel de la cérémonie que des sentiments des gens qui l'entourent.
Si l'on échappe au générique de début niaiseux, avec chanson languissante en bonus (« That's Amore »), tous les ingrédients d'un film de réunion de famille sont au menu de ce gâteau, certes un peu trop sucré, mais qui séduit par le face à face de personnalités intéressantes vouées, on le sait dès le début, à se plaire. Il y a le père du marié (Pierce Brosnan), rigide et exigeant, obnubilé par son travail. Il y a la mère de la mariée (Trine Dyrholm, vue dans « Festen » et « Little soldat »), fière et fragile à la fois, prête à se défendre de la moindre humiliation potentielle. Entre eux et ceux qui les entourent fusent les bons mots (« tu n'es pas catholique, tu peux toujours changer de mari... »...) et s'accumulent les règlements de comptes.
Seuls les comportements des deux enfants, forcément un peu paumés au milieu de tous ces énergumènes, laissent un peu dubitatifs, l'exagération n'étant plus très loin. Heureusement, les scènes de complicité entre parents et enfants (tendresse d'une mère qui parle à son fils qui part à l'armée...), et le moment où Pierce Brosnan parle enfin de la mort de sa femme, de la colère et du pardon. Ces quelques moments d'intimité volée, au milieu d'une comédie romantique sympathique, dont le rythme ne faiblit jamais, nous confirment l'absence de réelle prétention de ce film, présenté Hors compétition au Festival de Venise 2012, qui ne vise qu'un objectif : nous faire partager un peu d'humanité.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur