LOVE HUNTERS
Un thriller déroutant et anxiogène en plein cœur des années 80
Dès les premières minutes, on comprend que "Love Hunters" sera plus un thriller d’atmosphère, une immersion dans la psyché de deux meurtriers, plus que le banal récit sanguinolent de leurs crimes. Car, ici, il n’est pas question d’entretenir un mystère sur l’identité des serial killers, l’enjeu tourne plus autour de leurs motivations et la relation conflictuelle qu’ils entretiennent. S’ouvrant avec un long traveling sur des images au ralenti, l’incipit donne le ton d’un récit esthétique où la violence sera bien souvent hors cadre, renforçant la puissance et l’impact de chacun des excès exposés à l’écran. Evelyn et John ont pour habitude d’inviter des jeunes filles à monter dans leur voiture pour leur offrir un destin funeste. Lorsqu’ils croisent Vicki, une adolescente en rébellion contre ses parents en divorce, ils sentent immédiatement qu’elle sera leur prochaine victime.
Drame poisseux et vintage, le métrage développe une ambiance tout autant étouffante qu’envoûtante, flirtant aussi bien avec le mélodrame malsain qu’avec le pur film de genre. Si pour son premier passage derrière la caméra, Ben Young démontre indéniablement des talents esthétiques (pas loin de lui permettre de rejoindre l’arbre généalogique de David Lynch), "Love Hunters" doit également beaucoup à l’interprétation intense de ses comédiens, chacun multipliant les nuances pour mieux perturber le spectateur. Étonnement lumineux (gorgé par le soleil d’ocre australien), le film nous plonge pourtant de manière radicale dans le quotidien de deux êtres profondément perturbés, sans jamais rechercher la surenchère. Avec son saupoudrage stylistique millimétré, son réalisme sordide et sa tension haletante, cette petite pépite aurait pu faire l’effet d’une claque si la fin conventionnelle et décevante n’était pas venue adoucir nos émotions. Presque rageant...
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur