LOUISE VIOLET
La Mary Poppins de la 3e république
Nous sommes en 1889, soit 8 ans après la promulgation des fameuses lois Ferry, mais dans les campagnes reculées les mœurs peinent à évoluer. Louise Violet est envoyée dans un petit village pour y devenir la première institutrice. Mais pour cela elle va devoir convaincre du bien-fondé de l’école laïque, gratuite et obligatoire…
Essentiellement tourné à Saint-André de Chalencon, au cœur de la Haute-Loire, "Louise Violet" étonne d’abord par la beauté de ses décors extérieurs, évoluant au fil des saisons et des travaux des champs. Des travaux dans lesquels les enfants ont toute leur place, malgré le fait que Jules Ferry ait eu cette idée folle, non pas d’inventer l’école, mais de la rendre obligatoire.
C’est dans ce contexte que débarque le personnage éponyme du film, incarné par une Alexandra Lamy convaincante. Sorte de Mary Poppins n’ayant que ses manuels scolaires comme magie, mais dotée d’une force de caractère et d’une détermination apte à faire rentrer les idées de la république dans la tête dure des travailleurs de la terre. Le metteur en scène retrouve également l’excellent Grégory Gadebois pour une troisième collaboration. Celui-ci campe un maire bourru et autoritaire, tantôt allié, tantôt antagoniste de l’institutrice.
L’histoire a tendance à se recentrer sur la complexité de leur relation, dans laquelle semble poindre une romance, qui restera hélas unilatérale. Et c’est avec regret que l’on constate que les enjeux concernant les enfants, leur éducation, et le libre arbitre que celle-ci est censée leur octroyer, sont relégués au second-plan.
À côté de ces petites maladresses, Eric Besnard ("Délicieux", "Les Choses simples") montre aussi qu’il peut faire preuve de bon sens et de subtilité. Contrairement à ce que l’on pouvait attendre, le personnage du curé ne représente pas un obstacle au projet d’école laïque porté par la protagoniste, même s’il ne montre guère d’enthousiasme face à cette révolution. Ainsi, Eric Besnard évite habillement de tomber dans une opposition binaire entre l’église et l’état.
"Louise Violet" est un film agréable à suivre, qui dispose de certaines qualités sans pour autant briller en quoi que ce soit. On saluera tout de même la démarche de mettre en lumière l’idéal républicain de l’instruction gratuite et ouverte à tous. Plus d’un siècle après Jules Ferry toute occasion est bonne de rappeler ces principes fondamentaux.
Benjamin BidoletEnvoyer un message au rédacteur