LOUISE EN HIVER
Une mamie attachante se réinventant dans la solitude
Très attendu, le nouveau film de Jean-François Laguionie, fondateur de La Fabrique, et auteur de « Le Château des singes », « L'Île de Black Mor » et surtout « Le Tableau » est un véritable régal de nostalgie, d'élégance et de douceur. À l'image de cette vieille dame, héroïne solitaire, qui a la tête emplie de souvenirs plus ou moins clairs, « Louise en hiver » adopte un rythme résolument lent et serein, et peut se lire à la fois comme une renaissance ou comme un doux requiem, portant une émotion latente qui ne surgira que dans les derniers instants.
Histoire d'une Robinson Crusoé au féminin qui se réinvente une vie dans les dunes, « Louise en hiver » repose sur une animation traditionnelle des plus évocatrices. Sur fond d'aquarelles ou de décors travaillés aux pastels, l'auteur donne à voir le grain du papier, exploitant le moindre détail pour mieux cerner le rapport à un temps qui devient presque le cœur de l'histoire. De flash-back plus ou moins amers, en instants de petits plaisirs retrouvés, le parcours intérieur de cette femme vers une paix tant souhaitée se déroule sous nos yeux.
Dominique Frot (« La Cérémonie », « Vatel », « Elle s'appelait Sarah », et récemment le rôle de la proviseur dans la série « Soda »...) prête avec grâce sa voix à Louise, s'effaçant derrière le calme et la douceur de cette vieille dame abandonnée à son sort dans une station normande en plein hiver. Une œuvre douce-amère qui émeut profondément, questionne sur l'attitude face à l'âge, mais aussi sur la puissance des regrets. Un film qui finit par tracer une voie à part pour un personnage en quête de son dernier havre de paix.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur