LOTUS
Apprentissage d'une certaine liberté
Le titre du film, "Lotus", n'est en fait rien d'autre que le charmant prénom de son héroïne, une jeune femme qui aspire à une certaine liberté dans son village chinois, où elle enseigne et vit à sa manière, tentant de contourner dans la discrétion, les règles d'une société où le contrôle de l'individu est un fait quotidien. Contrainte de partir à la ville, elle va vivre une véritable descente aux enfers, en quête d'une indépendance qu'elle aura bien du mal à trouver.
Doté d'un scénario courageux, "Lotus" montre avant tout la position de faiblesse de la femme seule, soumise aux abus de pouvoir de policiers peu scrupuleux, ou de prétendants dont il est bien difficile de s'émanciper financièrement. Face à une ville qui pervertit autant qu'elle pourrait en apparence être source d'opportunité, le film dénonce les censures quotidiennes dans le travail comme dans la vie privée, la précarité grandissante, la position dominante de l'homme et l'incapacité des parents à sortir de schémas ancestraux.
Ce film, dont l'aspect militant fera oublier les quelques imperfections formelles, nous conte une sorte de rêve chinois, mis à mal par les comportements individualistes. Comme pouvait le laisser penser la citation placée en début de métrage (« En apprenant ses limites, on gagne la liberté »), il s'agit d'un récit initiatique, sorte d'incitation à une démarche différente, consistant à rechercher la liberté en utilisant ce (et ceux) qui compose(nt) le système d'un pays, la Chine, qui ne semble pas en octroyer beaucoup à ses citoyens.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur