Festival Que du feu 2024 encart

LOLA

Un film de Brillante Mendoza
 

2ème avis – Du cinéma vérité à apprécier pour ses angles d'approche

Manille. Alors que son petit fils vient de poignarder un autre homme, une grand-mère tente de nouer le contact avec la mère du défunt, de manière à régler l’affaire à l’amiable…

Après avoir remporté le Prix de la mise en scène au festival de Cannes pour son film « Kinatay », Brillante Mendoza, réalisateur d'origine philippines signe son huitième film avec « Lola », un drame social se déroulant à Manilles. L'histoire est simple : c'est celle de deux vieilles femmes, l'une grand-mère d'un homme assassiné (Lola Sepa), l'autre grand-mère du meurtrier placé en prison (Lola Puring). Si leur malheur semble les opposer, elles ont toutes les deux un but commun : trouver de l'argent, afin de financer les funérailles pour l'une, et de payer un compromis pour l'autre.

Anita Linda et Rustica Caprio sont particulièrement émouvantes dans les rôles respectifs de Lola Sepa et Lola Puring. Elles transmettent avec réalisme la pauvreté et l'acharnement des manillais, malgré l'age et les épreuves de la vie. On remarque chez les deux femmes beaucoup de similitudes, telles l'amour et la dévotion portés à la famille. Lola Sepa est une femme abattue, dont le sourire semble à jamais effacé de son visage. La mort de son petit-fils l'a détruite. Anita Linda interprète à la perfection une femme démunie, perdue dans ces moments douloureux. Si Lola Puring apparaît plus tard, l'actrice sait imposer son personnage et nous convainc de pardonner son petit-fils Mateo, car si cette femme ne comprend pas l'acte définitif de ce dernier, l'amour qu'elle lui porte est tellement inconditionnel, qu'il en devient contagieux.

Des décors sombres, des plans très longs, peu de dialogues, quelques longueurs et une musique presque absente, auxquels s'ajoute le lieux : Manilles, capitale très pauvre des Philippines où il semble ne jamais cesser de pleuvoir. Cet amalgame de sobriété et de pauvreté renforce l'effet de tristesse et de solitude qui se dégage du long métrage. Ce film appartenant au cinéma vérité, entre documentaire et fiction, est à voir plus pour ses angles d'approche - d'un côté la victime, de l'autre le coupable - , que pour le scénario un peu trop simple.

Philippine Merolle

Lycée Saint-ExupéryEnvoyer un message au rédacteur

Brillante Mendoza, non content d'avoir remporté le prix de la mise en scène à Cannes en 2009 pour "Kinatay", a présenté la même année en compétition à Venise, à peine quelques mois plus tard, cette fable contemporaine. Notons d'emblée qu'en philippin, "Lola" signifie "Grand mère", et que c'est à l'histoire de deux d'entre elles que le réalisateur nous convie, fidèle à son style proche du documentaire.

La première vient de perdre son fils, poignardé. La seconde est la grand-mère du meurtrier. Plongées dans Manille, ville bruyante, aux milles embuches, on suit leurs parcours du combattant, pour financer l'accusation ou la défense. Et tout est obstacle, de la pluie quasi incessante, aux escaliers inadaptés, en passant par les quartiers inondés dans lesquels vit la famille du défunt, jusqu'aux formalités administratives impossibles... Le message politique de Brillante Mendoza est clair, et l'on finit écœuré du résultat des tractations entre les deux familles, tentant de communiquer autour d'un mort, par l'argent si nécessaire.

Mendoza joue une fois de plus avec les nerfs du spectateur, balloté pendant près de deux heures dans le bruit de la ville et la fureur humaine qui se dégage de la situation. Si la démonstration est ressentie très justement comme fort épuisante, la course à l'argent étant le cœur d'une guerre des nerfs engagée de part et d'autre, c'est parce que la caméra à l'épaule suit au plus près les protagonistes. Entre honneur et honte, entre mensonge et franchise, entre famille et emprunt, ces deux grand-mères ne savent vers quoi se tourner. Leur désarroi est certes palpable, mais finalement un documentaire eut été aussi édifiant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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