LA LOI ET L’ORDRE
Une rencontre au sommet. de la retraite
Les fans de Robert de Niro et Al Pacino ont dû attendre ce film depuis longtemps. La première fois que les deux acteurs étaient à l’affiche d’un même film, c’était en 1975 dans le Parrain 2, de Francis Ford Coppola. L’un jouait le père de l’autre et le film narrait leur destin respectif à 30 ans d’écart, ce qui fait que les deux acteurs n’ont tourné aucune scène commune.
La deuxième occasion de les voir tourner ensemble était en 1996 avec Heat de Michael Mann. Mais une fois encore, la frustration de les voir se donner le change se fit sentir : les personnages incarnés par De Niro et Pacino ne se croisaient qu'à la fin du film, dans une scène de discussion autour d’un café suivie d’une course poursuite au clair de lune.
Avec "La loi et l’ordre", Jon Avnet met donc fin à cette frustration légendaire. Le problème est qu’il est trop tard : nos deux monstres sacrés ont bien vieilli. Croyant puiser dans l’expérience et l’image de deux mythes vivants, Avnet crée deux singes qui ne peuvent faire autrement que se caricaturer eux-mêmes. Dès la première scène, où les deux flics s’entraînent seuls dans une cabine de tir, au rythme d’un bon vieux rock des années 90, le film perd toute sa crédibilité. Difficile ensuite de tenir le cap, malgré quelques passages où la tension fonctionne. Après tout, si l’on considère que ce film perpétue le film du duo de flics et tombe donc nécessairement dans certains écueils, l’histoire a l’intérêt de mettre sur le tapis quelques idées nouvelles : celle de l’admiration unilatérale et révocable entre deux accolytes, celle du besoin de domination par la violence, celle du suivi psychologique des flics et celle de la vengeance gratuite. L’ennui est que, servi par une réalisation bancale (et notamment un usage abusif de la caméra à l’épaule), une intrigue d’une banalité affligeante et une brochette de personnages plus caricaturaux les uns que les autres, le film ne parvient pas à décoller, même lors du twist final.
On peut dire que "La loi et l’ordre" est LE piège dans lequel sont tombés les deux stars, englués dans une image qui désormais leur colle à la peau. Espérons que tout le monde oubliera vite cet accident de parcours et que Robert de Niro et Al Pacino, qui restent de grands acteurs, sauront revenir à des films de qualité.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur