Festival Que du feu 2024 encart

LITTLE NEW YORK

Un film de James DeMonaco

Il était une fois (le quotidien) en Amérique

A Staten Island, un quartier de New York, les histoires de 3 personnes, pas forcement placées au bon endroit et aspirant à autre chose que ce que la vie leur a donné, vont se croiser...

La première chose à laquelle on pense en sortant de la salle est quand même un peu trop récurrente ces derniers temps (« Watchmen », « Collège Rock Star »): encore un film très mal vendu, et c'est dommage! Que ce soit l'affiche ou les résumés que l'on trouve un peu partout dans la presse ou sur le net (« Un nettoyeur de fausse septique décide de voler un parrain de la mafia qui utilise un épicier pour nettoyer ses crimes... », bien différent des deux lignes en haut de cette page), tout laisse à croire que l'on va voir un nouveau film de mafia vu et revu, en espérant trouver un peu d'originalité dans la forme, le fond étant lui nettoyé depuis longtemps.

Nous profitons pour une fois du titre original (ce dernier ayant été renommé outre atlantique) pour une identification géographique plus évidente par le spectateur non américain et c'est déjà un bon point: car c'est le seul élément de la promo qui nous vend réellement ce à quoi nous allons assister: la vie, le destin, le quotidien du « petit » New York, de ces gens que nous croisons tous les jours (ces personnages existent dans le quotidien de la plupart des endroits du monde).

Des 3 personnages que nous allons observer, un point commun ressort: Ils aspirent à plus que ce que la vie leur a donné et cela va les pousser à changer leur destin, en bien ou en mal. Ils en veulent plus et cette idée est parfaitement illustrée en un plan simple (mon expression n'est pas choisie au hasard): Une vue de Manhattan, un plan fixe tout ce qu'il y a de plus basique, mais tellement fort et efficace. Qui n'a pas rêvé de grandeur en voyant se découper ces gratte-ciel à la télé ou en photo? Et pas besoin d'habiter à l'autre bout du monde pour ça... de l'autre coté de la baie, les gens rêvent aussi. C'est le quotidien qu'a connu James DeMonaco (qui est en fait de Staten Island) : « J’ai toujours eu envie d’écrire là-dessus, de partir du regard que j’avais, enfant, sur les gratte-ciel de Manhattan, qui me paraissaient si proches et en même temps si loin de nous – nous n’y allions jamais ».

Prenons Parmie (Vincent D'Onofrio... à l'opposé de son rôle dans « Law & Order », ou « New York section criminelle » en français), petit chef mafieux à l'ambition débordante. Tout ce qu'il veut c'est être reconnu, que le monde se souvienne de lui, que ce soit par n'importe quels moyens même si ces derniers sont à la limite du possible (battre le record d'apnée, être le chef ultime de la mafia de Staten Island, empêcher la déforestation d'un parc...). Il veut échapper à ce quotidien auquel on associe peut être trop souvent les italo-américains et c'est ce que ces gratte-ciel représentent. Qu'il soit le nouveau recordman d'apnée ou le nouveau Capone, peu importe, il sera autre chose qu'un inconnu. Tout comme le personnage interprété par Ethan Hawke (qui avait déjà croisé DeMonaco sur le remake d' « Assaut » et lui aussi très attaché à sa ville natale de New York) : si il ne peut changer son quotidien, celui de son futur fils se devra d'être différent... proche de ces buildings et échappant à ce que la condition de son père pourrait lui imposer (on peut même faire un lien avec son personnage dans « Bienvenue à Gattaca »).

Little New York est donc un film fait simplement, qui s'adresse à tous. On est très loin d'un traitement larmoyant à la Inarritu ou graphique à la Ritchie, les deux noms qui nous viennent à l'esprit lorsque l'on parle de « destins croisés ». Ici pas de grosses poursuites, de grosses fusillades, de grosses ficelles... juste 3 destins de 3 personnes qui apprendront que quel qu'en soit le résultat, le changement a un prix.

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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