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LITTLE JAFFNA

Un film de Lawrence Valin

Une vibrante plongée au cœur d'une communauté méconnue

Michael, qui vit en France avec sa grand mère, est un jeune policier infiltré parmi les membres de la communauté Tamoul, dans le quartier de Little Jaffna à Paris. Il doit contribuer à prendre sur le fait un des supposés relais des Tigres Tamouls, alors qu’il soutire de l’argent à toute la communauté pour l’envoyer au pays (le Sri Lanka) afin de soutenir la lutte armée contre la dictature en place…

Après une rapide introduction qui rappelle le contexte de la formation des Tigres Tamouls, dans les années 70, luttant contre la dictature militaire au Sri Lanka dans une guerre civile qui aura fait plus de 70 000 morts, puis déclarés organisation terroriste en 2006 par l’Union Européenne, "Little Jaffna" (du nom du quartier parisien où se regroupe la communauté tamoul) nous plonge aux côtés de Michael, infiltré dans la communauté, grâce auquel la police espère coincer un prétendu épicier dénommé Aya, qui a parmi ses hommes de main Puvi, dont Michael va faire la connaissance. Thriller efficace, le film donne surtout à voir le danger qui plane sur la tête d'un personnage principal qui s’avère trouble dès le début, avant même de s’intéresser aux rouages de la remontée de l’argent vers le Sri Lanka, ou aux rivalités entre bandes ennemies, ici autour d’une histoire d’amour à la West Side Story, impliquant Puvi.

Tendu par moments (l’interrogatoire du début, l’altercation dans la rue, la scène de torture sur le toit...), la mise en scène de Lawrence Valin (qui interprète aussi Michael) utilise aussi la musique avec acuité, d’un rap fédérateur quand Michael et sa grand mère sont acceptés et la communauté se réunit, à une musique plus inquiétante qui prend le dessus, alors que le montage alterne entre fête insouciante de la bande et prière de la grand mère. Sous-tendu par une réelle noirceur de personnages portés par une violence inhérente à un passé vécu ou hérité, "Little Jaffna" aboutit à un climax où s’exprime la question qui traverse le film : celle de l’appartenance à une communauté, en opposition ou non à l’intégration à un pays. Quant à la conclusion, elle laisse aussi intelligemment planer le doute quant à la réelle acceptation de Michael pour ce qu’il est.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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