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LILLY ET L'OISEAU

Un film de Theodore Melfi

Le deuil comme un tendre battement d’ailes

Lilly et Jack avaient tout pour être heureux mais la mort de leur bébé en a décidé autrement. Depuis, Jack est interné dans un hôpital psychiatrique alors que Lilly essaie vivre au jour le jour, bien que profondément marquée par le deuil. Un jour, alors qu’elle décide de s’occuper à nouveau de son jardin, elle est attaquée par un étourneau…

Lilly et l’Oiseau film movie

Sortie le 24 septembre 2021 sur Netflix

Comme dans "Les Figures de l'ombre" (et même plus encore), Theodore Melfi parvient à intégrer de la comédie dans le drame sans paraître déplacé. Cet humour est en effet doux et il permet de faire ressortir l’absurdité de certaines situations ou la faillibilité des êtres humains. Le décalage de certaines séquences permet également de mieux digérer la gravité de ce qui est une des pires situations humaines possibles : la perte d’un enfant. Ce traumatisme génère ainsi des comportements insolites ou obsessionnels, qui provoquent un sourire à la fois amusé et compatissant, par exemple quand Lilly dysfonctionne dans le supermarché où elle travaille, provoquant notamment une invasion chaotique de la clientèle après avoir étiqueté de nombreux produits à quelques cents seulement !

Avec une grande tendresse pour ses protagonistes, le réalisateur privilégie la pudeur, usant parfois d’ellipses ou du hors-champ pour éviter les lourdeurs. Melissa McCarthy et Chris O’Dowd, plus subtils et émouvants que jamais, servent à merveille leurs personnages, formant un couple bouleversant que le deuil a séparé – notons aussi que le film laisse longtemps planer le doute sur les causes de l’internement du mari en hôpital psychiatrique. Parmi les rôles secondaires, Kevin Kline se montre également touchant, incarnant un vétérinaire ex-psychologue à la fois désabusé et bienveillant, qui semble lui aussi chercher un sens à sa vie (voire à la vie en général).

Comme le titre l’indique (de façon encore plus flagrante dans le titre original qui ne mentionne que lui), l’oiseau joue un rôle central dans le récit, en bousculant Lilly dans son quotidien endeuillé, la forçant à repenser sa vie et son regard. Délicat de bout en bout, "Lilly et l’Oiseau" attendrit sans jamais tomber dans le pathos. Mieux encore : tout en utilisant objets ou animaux comme vecteurs de messages, de réflexions ou d’émotions, le long métrage se moque de sa propre tendance métaphorique, le temps d’un dialogue entre les personnages de Melissa McCarthy et Kevin Kline. Une façon de dire qu’il faut parfois essayer de vivre plutôt que de penser ?

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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