LILLIAN
Un road movie écrasé par le poids de son intrigue
Une jeune fille décide de rentrer dans sa Russie natale. À pied, depuis les États-Unis… Le début d’un très long périple qui va l’amener à voyager au cœur de l’Amérique profonde…
En 1926, Lillian Alling, une immigrée probablement russe, décide de quitter New-York à pied pour retourner dans ses terres natales. Celle-ci atteindra le détroit de Béring avant que l’on perde sa trace définitivement. C’est cette histoire rocambolesque qui va inspirer le cinéaste Andreas Horvath pour son métrage, à savoir le parcours d’une jeune fille au cœur d’une Amérique rurale et pas franchement accueillante. Le postulat est hautement symbolique, traçant un trait entre deux nations irréconciliables. Malheureusement, le résultat est rarement à la hauteur de son propos, ne parvenant qu’avec parcimonie à susciter la fascination qu’entoure pourtant ce périple hors-du-commun.
Redondant et manquant cruellement d’envergure, le film, découvert à la Quinzaine des réalisateurs, se complaît dans sa sobriété scénaristique. Mais ce qui aurait pu être un choix judicieux, notamment pour être en adéquation avec l’idéologie de sa protagoniste, s’avère ici l’incarnation d’une hésitation, celle d’un réalisateur ne sachant pas véritablement où se positionner. Si la carte postale demeure superbe, en particulier grâce à la diversité des paysages exposés, le voyage aurait mérité d’être raccourci de quelques séquences anecdotiques. De cette route au cœur d’une nature (humaine) hostile, on ne retiendra finalement que le visage marqué de son héroïne mutique.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur