LES LIGNES DE WELLINGTON
Une page sombre de l'Histoire du Portugal servie par un casting imposant
Ce film historique portugais est mais n'aura pas pu voir le résultat final. Relatant une page sombre de l'Histoire du Portugal, « Les lignes de Wellington » aborde un épisode qui est rarement abordé dans l'enseignement en France, c'est à dire l'invasion du Portugal et l'exil qui s'en suivit, les populations comme les troupes tentant de rejoindre de supposées lignes de défense au Nord de Lisbonne. Cette fresque portugaise, signée de la réalisatrice chilienne Valeria Sarmiento ("L'inconnu de Strasbourg", "Rosa la Chine") embrasse à la fois les destins d'une multitude de personnages, depuis les soldats des deux camps, en passant par des civils qu'ils croisent sur leur chemin.
Moins intéressé par la chronologie des événements de cette guerre que par la peinture des êtres humains qui la vivent ou la subissent, le scénario aborde l'attitude d'une dizaine de personnages, en temps de guerre, ainsi que la place de la femme. Maîtresse, femme de bonne famille, future mère, elle est en fait montrée comme une éternelle veuve, à l'image de cette femme qui a perdu son quatrième enfant dans les travaux même des lignes de défense.
Présentant les visions des deux camps, grâce notamment à une narration en double voix-off (un officier français et un soldat portugais), ce film dédié à Raul Ruiz, qui a aidé à sa préparation, et dont la femme a repris les rennes à la réalisation, jongle dépeint des comportements parfois à la limite du rationnel. Il semble également se perdre parfois dans une série de détails inutiles, tel le repas avec des amis des français, permettant avant tout de réunir autour d'une table pour une courte scène, quelques grands noms : Catherine Deneuve, Michel Piccoli ou Isabelle Huppert.
Porté par un casting international de prestige, au sein duquel on retrouve en première ligne les français Melvil Poupaud et Mathieu Amalric, le film souffre d’un évident manque de rythme que sa durée (2h35) n’amenuise pas. La description de fastes perdues et la qualité de l’interprétation sont des atouts indéniables, tout comme la description de la coupure entre une population faisant face au désespoir et à la pauvreté, et les élites, qui veulent voir en la guerre quelque chose de noble.
La scène entre l'évêque (John Malkovich) et le peintre, est de ce point de vue édifiante, le premier demandant à l'autre de représenter moins morts et de corps. Pour lui, le tableau doit représenter plus de couleurs et de panache, car « il ne s'agit pas d'un massacre, mais d'une bataille ». Le contraste est alors saisissant entre l'image souhaitée et la réalité des contrées ravagées et brûlées qui se dévoilent vers la fin du film, ces villages désertés que traversent les troupes, vestiges du passé glorieux du pays, alors que l'armée française se retire après une campagne éclair en 1811.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur