LIGHT YEARS
Une expérience sensorielle au pays de l’enfance
Long métrage anglais aux allures de film expérimental, « Light years » est un essai cinématographique explorant les thèmes de la maladie mentale et de ses conséquences sur la famille. Cette histoire de fratrie livrée à elle-même, ballottée entre un père replié sur lui-même à la limite de l’autisme et une mère absente tant physiquement que mentalement, donne lieu à un road-movie onirique, où la route et les paysages urbains sont remplacés par des rails abandonnés et une forêt aussi dense que lumineuse.
Alternant discussions enfantines stériles et pensées éparpillées, inertie des personnages et soudaines progressions, le film semble de prime abord privilégier la forme au fond. Les plans sont minutieusement composés, la musique aérienne… Il faut bien l’avouer : la caricature du film d’auteur indé n’est pas loin ! On peut aisément s’agacer d’un tel dispositif formel et narratif, consistant à étirer en longueur une situation qui aurait aisément pu faire l’objet d’un court métrage.
Or étonnamment, la magie finit par opérer. Dans la deuxième moitié du film, les sentiments et sensations finissent par poindre, formant par touches un tableau impressionniste saisissant. Ce petit miracle se produit grâce à un puissant ingrédient : le casting d’enfants, d’une beauté et d’un naturel confondants. À travers leurs regards respectifs (et notamment l’innocence de Rose), leur petite fugue apparaît comme une vibrante quête de soi et de ses racines. Et à mesure que les contours du récit se précisent, révélant une trame bien plus tangible qu’il n’y paraissait au départ, l’émotion s’intensifie. Une jolie surprise.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur