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LETTRE À L'ENFANT QUE TU NOUS AS DONNÉ

Un film de Charlotte Silvera

Une bouteille à la mer

Une voix-off s’adresse aux jeunes pour leur expliquer (ou leur rappeler) les fondements de notre démocratie…

Lettre à l'enfant que tu nous as donné film documentaire documentary movie

Les intentions de ce film sont bonnes : il s’agit de rappeler qu’une démocratie, ça se construit et ça se protège, que c’est un combat permanent et collectif. Donc le but est d’inciter les jeunes à s’engager, à faire preuve de vigilance, à voter, etc. Difficile à qualifier en termes de genre (documentaire ? essai ? film pédagogique ? campagne de prévention ?), "Lettre à l’enfant que tu nous a donné" est profondément humaniste, féministe et citoyen. On ne peut pas lui reprocher cela, c’est même admirable tant Charlotte Silvera fait preuve d’enthousiasme, d’espérance et de foi en l’humain. Çà et là, on dirait presque du Agnès Varda, par exemple dans la volonté de tisser des liens bienveillants entre les générations, entre les combats du passé et ceux du présent…

Sauf que ça ne va quand même pas du tout ! Tout d’abord parce que l’ensemble est très foutraque dans la forme : des archives variées et captivantes, des séquences d’animation plutôt poétiques (créées par Christian Volckman, le réalisateur du magnifique "Renaissance" sorti en 2006), mais aussi des mises en scène niaises et mal jouées dignes de courts métrages amateurs, des portraits statiques face caméra, des lectures de textes par une Firmine Richard soporifique...

Le problème est également dans le fond : Charlotte Silvera se perd un peu à force de vouloir aborder trop de thèmes, et le discours se montre fréquemment utopique ou stéréotypé, et même ponctuellement inepte : « Parler du passé divise souvent, moins l'avenir »… euh, vraiment ?

Mais finalement, avec son interpellation à la deuxième personne du singulier (ce « tu » devient d’ailleurs agaçant à la longue !), le principal défaut du film réside dans l’impossibilité de définir une cible adéquate. À qui peut-il vraiment s’adresser ? Les images et situations sont souvent trop dures pour les plus jeunes, la tonalité trop infantilisante pour les ados et les adultes... Le créneau semble se limiter grosso modo aux élèves de collège, ce qui restreint considérablement le potentiel de ce long métrage. Malgré les louables intentions, le constat est donc flagrant : "Lettre à l’enfant que tu nous a donné" est malheureusement inopérant.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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