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LES VENGEANCES DE MAÎTRE POUTIFARD

Une comédie qui n'assume finalement pas sa férocité

Robert Poutifard, instituteur de CM2, s’est longtemps fait harceler par certains de ses élèves. Mais il se souvient d’une année en particulier, où quatre d’entre eux lui on gâché la vie, alors qu’il était tombé amoureux de Claudine, une collègue venue du Québec. À peine à la retraite, il décide d’enfin mettre sa vengeance à exécution, en ruinant l’existence d’Anthony, devenu chef étoilé, des jumelles Camille et Mélanie, devenues influenceuses, et d’Audrey, qui démarre une carrière de chanteuse à succès…

Les Vengeances de Maître Poutifard film movie

Avouons-le, à la vision de sa bande annonce, on espérait découvrir avec "Les Vengeances de Maître Poutifard", une sorte de "Tatie Danielle", mâtiné d'un esprit revanchard crasse et jouissif. Il n'en sera malheureusement rien. Après un générique prometteur, montrant photos de classes épinglées au mur et reliées par des ficelles, objets et photos évoquant divers méfaits, et listes d'humiliations classées par années, qui laissait présager du caractère de psychopathe du professeur, le scénario mélangeant bonnes idées et moments plus convenus, allié à une mise en scène des vengeances souvent ratée, donnera un résultat décevant, par un sentiment d'inabouti et de politiquement correct.

Si l'on appréciera ça et là, quelques pics envers l'époque, des nouveaux riches méprisants qui prénomment leur chihuahua Chambord, à la pub des influenceuses pour du collagène « recyclé » au rabais grâce au code promo "LifeDeBeatch", en passant par le discours d’un président pro-banques et bonimenteur, le regain de morale sur la fin recale le film dans la comédie gentillette pour grand public suiveur. Clavier ne s'en tire pas si mal (même en faux plombier Mario - une bonne idée, malheureusement sous-exploitée). Mais c'est surtout Isabelle Nanty, qui finalement lui vole la vedette, dans le rôle de sa mère vieillissante et geignarde, qui va lui servir de complice retorse, pour les deux tiers du métrage.

C'est en réalité au niveau mise en scène que la lourdeur s'installe peu à peu, qu'il s'agisse du découpage raté de la scène du chien méchant dans le restaurant (la rencontre avec sa propriétaire garagiste était pourtant prometteuse), ou des inutiles commentaires intercalés d’un Clavier déguisé en buisson dans le jardin. Vous l'aurez compris, on est loin ici de la liberté des premières œuvres féroces de James Huth ("Serial Lover" ou même "Brice de Nice"), et même des fantaisies à succès de Pierre-François Martin-Laval ("Essaye-moi"). "Les Vengeances de Maître Poutifard" apparaît au final comme une de ces comédies françaises formatées et ultra-contrôlées comme tant d'autres, qui ne peut que décevoir. Dommage.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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