LES TROIS MOUSQUETAIRES : MILADY
Une conclusion pleine de rebondissements
Malgré la prudence qui s’impose, le Roi décide de se rendre à La Rochelle, pour le siège de la ville, aux mains des protestants. De son côté, D’Artagnan, sur le point d’être torturé, parvient à s’échapper, libérant au passage Milady, également prisonnière du Comte de Chalais. Aramis, lui, cherche à venger l’honneur de sa sœur, devenue bonne sœur et désormais enceinte…
À la vision de cette seconde partie de l’adaptation des "3 Mousquetaires", signée Martin Bourboulon, dont le premier volet "D’Artagnan", sorti au printemps, avait engrangé quelques 3,3 millions d’entrées, on ne peut s’empêcher d’être un brin déçu. Non pas que l’action ne soit pas au rendez-vous, puisqu’elle est même plus intense que dans le premier chapitre. Non pas que l’émotion ne soit pas présente, entre les trajectoires de Constance et de Milady, dont on découvre ici une partie du passé et qui fait office de femme forte et d’étendard pour les féministes, dans une époque où la femme n’était que la propriété de l’homme. Non pas non plus que la virtuosité de la mise en scène ne soit pas évidente, depuis l’évasion musclée de D’Artagnan jusqu’au climax que constitue le siège de La Rochelle, le réalisateur alliant caméra ultra nerveuse, cascades virevoltantes et décors naturels aussi bien mis en valeur de jour que de nuit.
Alors d’où vient ce sentiment face à un récit qui a toujours du souffle et un film aussi moderne que romantique, toujours doté d’un petit humour permettant quelques répits ? Sans doute de la multiplicité des trajectoires des personnages, le destin semblant ici vouloir les faire converger aux forceps à La Rochelle, puis vers l’Angleterre. Un certain déséquilibre, aussi bien dans les enjeux que dans le traitement, apparaît ainsi, affaiblissant le rythme pourtant soutenu du métrage. Sans doute cela provient aussi de l’absence de réelle surprise, tout paraissant s’enchaîner sans grande entrave, les amours clandestins de la reine semblant oubliés, le danger envers le roi aussi (Louis Garrel est malheureusement quasi absent du métrage, hormis au tout début et à la fin)… et le trouble provoqué par Milady auprès de D’Artagnan semblant bien minimal. Si on ajoute que sur la fin une scène de procès semble bien vite expédiée, et même si la conclusion laisse présager une possible suite, on ne peut s’empêcher de se dire que des coupes brutales ont été réalisées dans l’intrigue, afin de maintenir le film en dessous des deux heures. Peut-être pareille intrigue aurait-elle mérité plus de temps.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur