LES TRADUCTEURS
Un naufrage scénaristique
Neuf traducteurs se voient offrir l’opportunité de traduire le dernier tome de la trilogie d’Oscar Brach, véritable auteur star. Mais alors qu’ils sont enfermés dans un bunker, et coupés du reste du monde, les dix premières pages de l’ouvrage fuitent sur internet. Une seule explication possible : le coupable est l’un de ces traducteurs…
Certains projets attisent notre curiosité cinéphile avec un simple synopsis et une annonce de casting. C’était particulièrement le cas de ces "Traducteurs", qui marquait le retour de Regis Roinsard derrière la caméra, sept ans après le pétillant et réjouissant "Populaire". Mais plus que le metteur en scène, c’était bien le postulat de départ qui nous promettait des merveilles d’inventivité : la trilogie « Dedalus », best-seller mondial touche à sa fin. Pour la traduire, neuf professionnels sont réunis dans une luxueuse demeure, où coupés du reste du monde, ils auront la lourde de tâche de donner naissance aux différentes versions de ce dernier tome tant attendu. Privés d’internet et de toute communication vers l’extérieur, travaillant en simultané, tout a été prévu pour qu’aucun leak ne puisse se produire. Pourtant quelques jours après le début de leurs travaux, les premières pages fuitent sur internet, le coupable menaçant de publier la suite du roman si l’éditeur ne lui verse pas une rançon.
Huis clos tendu et haletant ? Rien de tout ça, le film s’avérant être une caricature du genre, basée sur une construction narrative ridicule (multiplication des flash-backs pour donner l’impression d’une manipulation des spectateurs), et d’une surenchère de twists, tous moins crédibles les uns que les autres, censés être synonymes d’originalité. Jamais angoissant, et encore moins divertissant, le métrage s’affirme comme l’archétype de l’œuvre-concept ratée, où l’idée initiale ne trouve jamais son incarnation à l’écran. Le plus beau tour de passe passe s’avère être celui d’avoir réussi à convaincre tant d’acteurs talentueux de s’engager dans une telle aventure. Pour les aficionados des intrigues à mystères, aucun doute, le récent "À couteaux tirés" vous procurera nettement plus de plaisir. Tout comme une vulgaire partie de Cluedo d’ailleurs…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur