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LES PETITES VICTOIRES

Un film de Mélanie Auffret

Une comédie positive et revigorante

Dans le petit village breton de Kerguen, Alice est non seulement institutrice, mais elle est aussi Maire. Et elle se bat pour que le village ne meure pas, devant souvent mettre les mains dans le cambouis. Provoquant un accident dans l’une des rues, Émile, 65 ans, s’enfuit en pestant au lieu de signer le constat. Celui-ci ne sait en fait pas écrire et décide alors de s’incruster dans la classe d’école primaire gérée par Alice. Mais son arrivée au milieu des jeunes élèves ne va pas aller sans créer des remous…

Les Petites Victoires film movie

Après le très décevant "Roxane", Mélanie Auffret a triomphé cette année au Festival de l'Alpe d'Huez, en remportant non seulement le Prix spécial du jury, mais aussi le Prix du public. Deux récompenses amplement méritées, puisque "Les Petites Victoires" est une comédie à la fois rythmée, remarquablement écrite, et au casting savoureux. La réalisatrice a co-écrit le scénario avec Michaël Souhaité, utilisant un contexte de déprise rurale désormais à la base de nombreux longs métrages, pour créer gags mais aussi émotion.

La Maire est en effet ici obligée d’écouter les doléances de ses administrés, ce qui permet d’emblée d’évaluer la régression en cours localement. De 4 bistrots, on est passé à zéro, et le seul médecin est tout simplement… mort. Devant faire preuve d’imagination pour attirer de nouveaux venus (le tournage d’une vidéo pour recruter un boulanger dans un local multi-fonctions…), elle doit aussi rendre service (elle devient presque, avec certains, conseillère conjugale), voire faire des travaux elle-même (elle sort la pelle et le seau pour reboucher les nids de poules dans la rue…).

Jouant avec justesse sur les différences de génération entre les deux personnages principaux, Mélanie Auffret décrit aussi l'opposition de caractère entre le personnage d’Émile (Michel Blanc, triste, sec et ironique, parfois même bourru et brutal...) et celui d’Alice (Julia Piaton, généreuse, mais enfermée dans une sorte de logique sacrificielle, héritée de son père…). Tandis que le contact entre Michel Blanc, illettré, et les petits, tous saisis avec une grande tendresse, donne les meilleurs moments de comédie, tant la répartie de l’un ou des autres semble naturelle, mais aussi tant les situations pourront rappeller des souvenirs (les petits mots d’amour qui circulent en classe, de main en main...).

Se moquant également gentiment des tracasseries avec le rectorat (les visites de l’inspecteur…) ou des abréviations et sigles complexifiant les réunions décisionnelles locales (ScoT, SRADET…), le film gagne encore en ampleur grâce à de nombreux personnages secondaires, dont Marie Pierre Casey, toujours incroyable (notamment en guetteuse avec bob Ricard et talkie-walkie…). Porté par un remarquable esprit positif et un rien contestataire, "Les Petites Victoires" donne du baume au cœur et incite à trouver un équilibre entre engagement et vie privée, tout en gardant un élan combatif.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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