LES PARTICULES
L'étrangeté du passage à l’âge adulte
Pays de Gex, frontière franco-suisse. P.A. (Pierre André) et sa bande vivent leurs derniers mois au lycée, dans un village du Pays de Gex, proche de la frontière Suisse et de l’accélérateur de particules le plus puissant du monde. Les jours se succèdent entre cours et soirées arrosées…
Avec "Les particules", Blaise Harrison signe son premier film de fiction, après quelques documentaires remarqués ("Armand 15 ans l’été", "L’Harmonie"...). Faisant appel à des comédiens pour la plupart non-professionnels, il s'attache d'abord à décrire le quotidien d'adolescents comme les autres, plongés dans une routine à peine motivante, filmée ici en lumière naturelle, allant du bus matinal aux soirées arrosées, en passant par des cours suivis avec distance, un repas collectif ou une répétition dans un groupe de musique. Seules respirations dans ce train train ennuyeux, le contact avec une fille dont on frôle enfin la main, ou un craquage entre potes sur une musique qu'on aime.
Introduisant progressivement quelques touches de fantastique dans son récit, autour de la maison d'un dealer et de la disparition d'un camarade, l'auteur semble nous entraîner dans un pseudo polar, pour mieux signifier les perturbations intérieure de son personnage souvent hébété (excellent Thomas Daloz, véritable révélation lunaire). Centre sur cette période charnière qu’est le passage à l’âge adulte, "Les particules", s’il convoque d’étranges sensations et prouve le don de son auteur pour l’utilisation du hors champs, ne parvient cependant pas à provoquer le trouble espéré. On retiendra tout de même quelques plans inquiétants et suggestifs de l’état d’un jeune homme en manque de repères, tel le long panoramique de la battue en forêt. Blaise Harrison n’est reste pas moins un auteur à suivre.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur